Black Revolution, festival de cinéma du 4/2 au 10/2, films et rencontres, débats et cinémix. Ce 4/2, rencontre avec William Klein autour de « Muhammad Ali the Greatest » (1964) (4€), puis, à partir du 5/2, rencontres avec Melvin Van Peebles, Lech Lowalski, nuit Blackploitation le 7/2 (cinq films dont « Shaft », 12€), « Ghost Dog » en cinémix avec Radiomentale le 8/2 (7€)... Forfait 4 séances et clôture à 16€. Cinéma L’ECRAN, métro Basilique de Saint Denis (ligne 13), 14, passage de l’Aqueduc, Saint-Denis (93).
« Sweet sweetback’s baadasssss song », de Melvin Van Peebles, initie le genre Blackploitation en 1971. le réalisateur américain rencontrera ses spectateurs à Saint-Denis lors du festival Black Revolution. © DR
< 04'02'09 >
Black is Back

L’énorme affiche du festival Black Revolution qui se tient une semaine durant au cinéma l’Ecran à Saint-Denis a de quoi faire pâlir le plus averti. Beaucoup de films très rares, mais aussi des débats, des docus, showcase et cinémix… L’occasion idéale pour un pop’clixploitation.

L’invité phare du festival est Melvin Van Peebles, le papa de la Blaxploitation, qui, en un film pionnier, « Sweet Sweetback’s Baadasssss Song », invente le genre en 1971 (on y revient vite vite, avec Monsieur Van Peebles en personne...). Empressons-nous de dire que la Blaxploitation relève davantage d’une nouvelle représentation cinématographique, apte à traduire par et pour l’audience afro-américaine d’autres styles déjà éprouvés que d’un nouveau genre cinématographique. La Blaxploitation pioche ainsi dans les mythes et les clichés du film policier, du film de gangsters, des arts martiaux, du fantastique et même du western. Van Peebles ouvre la brèche avec « Sweet Sweetback’s... », non sans avoir déjà entamé une carrière de réalisateur depuis 1957 et un premier long métrage, « La Permission », qu’il dirige en France en 1967 et pour lequel il s’entretenait sur la très sérieuse Téle Suisse Romande en 1968. « Sweet Sweetback’s Baadasssss Song » voit le jour trois ans plus tard et semble venir de nulle part.

L’initiatique « Sweet Sweetback’s Baadasssss Song », de Melvin Van Peebles, (1971). Musique Earth Wind & Fire (bande annonce) :



C’est un film entièrement indépendant. Il a coûté cent mille dollars. Il en rapportera dix millions ! Du coup, cohorte de suiveurs lui embrayent le pas, se régalant le plus souvent de l’opportunité d’un nouveau marché black. Parmi eux, des classiques que l’histoire du cinéma retient : « Shaft », « Superfly », « Cornbread Earl and Me »… mais aussi moult navets de série Z, tel un « Blacula (the Black Dracula) » dont le titre dit tout.
La plupart sont servis par des bandes-son haut de gamme qui propulsent le meilleur de la soul et du funk sur la pellicule et servent sa promotion bien mieux que toute autre stratégie de communication. Que serait « Shaft » sans son thème éponyme ultra identifié signé Isaac Hayes  ?

« Shaft », de Gordon Parks Jr (1971), musique Isaac Hayes (bande annonce) :



Pour le même réalisateur, Curtis Mayfield signe l’album parfait de la bande-son de « Superfly » en 1972.

« Superfly », de Gordon Parks Jr (1972) (extrait) :



Roy Ayers, lui, pour « Coffy », Marvin Gaye pour « Trouble Man », Curtis Mayfield pour « Car Wash »… la liste des contributeurs sonores est prestigieuse et longue. Là encore, Van Peebles est l’initiateur de cette stratégie lorsqu’il fait appel à Earth Wind and Fire, groupe alors débutant, pour composer le thème jazz-funk soutenu par un piano électrique Fender obsédant afin d’égrener la cavale de « Sweetback ».

L’âge d’or Blaxploitation se situe donc précisément entre ce film-là, déjà porteur de tous les codes Blaxploitation et 1975, avec quelque 200 autres films répertoriés. Soyons francs, très peu ont la force et la conscience du premier. Avec son exergue d’ouverture, « Dedicated to all the Brothers and Sisters who have had enough of the Man » (sous-entendu l’homme blanc), « Sweet Sweetback’s » est clairement politique. L’histoire raconte l’échappée d’un homme qui, témoin de violences policières, se retourne contre les représentants de la loi, à son tour sans retenue. Sweetback, qu’interprète Van Peebles lui-même, est accessoirement employé dans un cabaret porno. L’homme-étalon baise et court tout au long du film, traversant ghettos et communautés jusqu’à un hypothétique salut en franchissant la frontière mexicaine. A sa sortie, le film est classé X par une commission de censure entièrement blanche.

En aval de la stricte épopée Blaxploitation, d’autres cinémas noirs apparaissent. Le festival Black Revolution fait ainsi la part belle à un autre invité de marque, Charles Burnett, père d’un cinéma communautaire plus social, proche de Cassavetes, dont l’action se situe généralement dans la classe moyenne noire. Enfin, à partir des années 80, apparaissent de nouveaux cinéastes de la négritude, Spike Lee en tête, ou encore un certain Mario Van Peeble (fils de Melvin) avec « New Jack City » qui, à sa façon, redéfinira aussi le film de gangs. N’empêche, les codes et références kitsch de la Blaxploitation ne disparaissent pas. Ils sont clairement convoqués chez Tarantino, mais aussi dans une esthétique flyer et des pochettes de disques rétronostalgiques particulièrement présentes chez la French Touch à tendance groovy à partir du milieu des années 90… Autant dire que les références sont inépuisables...

« Across 110th street », Barry Shear (1972), musique Bobby Womack :



« Black Caesar », Larry Cohen (1973), remake (raté) du célèbre film de gangster « Little Caesar » (1931), musique James Brown (bande annonce) :



Le très bon et engagé « The Spook Who Sat By The Door », Ivan Dixon (1973), musique Herbie Hancock (bande annonce) :



« Coffy », Jack Hill (1973), avec Pam Grier, « la » star féminine blaxploitation, qui deviendra Foxy Brown dans le film du même nom un an plus tard, et finalement Jackie Brown chez Tarantino en 1997. Musique Roy Ayers (bande-annonce) :

jean-philippe renoult 

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