Nicolas Frespech a visité pour poptronics l’exposition Espèces d’espace, Les années 80. Premier volet jusqu’au 4 janvier 2009, Magasin, Centre national d’art contemporain de Grenoble, Centre National d’Art Contemporain, 155 cours Berriat, site Bouchayer-Viallet, Grenoble, du mardi au dimanche de 14h à 19h, sauf le 31 de 14h à 17h et le 1er janvier où le Magasin sera fermé au public.
"Espèces d’espace", vue de l’exposition, premier volet jusqu’au 4 janvier, suite à l’été 2009. © Magasin Ilmari Kalkkinen
< 29'12'08 >
A Grenoble, l’activisme artistique des années 80

(Grenoble, envoyé spécial)

Visite au Magasin, le Centre national d’art contemporain de Grenoble, pour le premier volet de l’exposition « Espèces d’espace-Les années 80 ». Je me demande si je vais voir des Warhol, des Combas... je n’ai pas eu le temps de me documenter. Je suis le seul visiteur, il fait nuit, il est tard, j’ai juste 20 minutes pour tout voir. J’ouvre une grande porte pour me retrouver dans les années 80, pas celles officielles dont on aime voir certaines œuvres phares dans des foires, mais celles plus contestataires... L’immense espace central appelé « La rue » a été coupé en deux. Quand on arrive, on tombe sur une peinture murale gigantesque de Günther Förg et c’est derrière ce mur que se cachent les autres œuvres de l’exposition où un espace « classique » a été reconstruit pour l’occasion.

J’ai vu quoi, moi, d’ailleurs, dans les années 80 ? J’avais 9 ans en 1980 et j’ai eu mon bac en 1989. Au lycée, on nous avait donné des bombes pour décorer un mur, j’avais dessiné une orgie et une machine à laver, mon prof d’art plastiques doit encore s’en mordre les doigts ! Je lisais « Actuel » et « ID Magazine », c’était branché ! A la télé, souvenirs d’images très positives : réussites individuelles, brushings incroyables, argent facile et gros capitaux. Working boys et working girls aux dents blanches et raclant le parquet... Si vous cherchez ce genre de clichés à Grenoble, vous faites fausse route. Le commissaire de l’exposition, Yves Aupetitallot, également directeur des lieux, a fait une sélection d’artistes historiques, pas obligatoirement ceux retenus par le marché de l’art, ici point de fascination.

Une salle présente la reconstitution partielle de l’exposition « The Times Square Show », murs peints, affiches collées et présentation d’une vidéo, lieux alternatifs, artistes activistes. On peut y voir un dessin de Keith Haring, des affiches de Fashion Moda... les artistes envahissent l’espace public. Beaucoup de photographies de Thomas Ruff, artiste allemand dont on peut voir les premiers travaux, des mises en scène autour d’un fauteuil, un portrait... De nombreux portraits des « gens de l’époque » de divers photographes remplissent les murs d’une salle.

Une espace circulaire est conçu par l’inévitable artiste du moment : John Armleder, qu’on a vu cet été dans un château, dans un centre culturel, ou récemment dans un nouveau quartier et à la biennale de Saint-Etienne... L’artiste suisse habille une salle circulaire de bandes argentées. D’autres artistes sont aussi à (re)découvrir, comme Philippe Cazal. Un catalogue de l’exposition très documenté est disponible à la vente. Et pour ceux qui cherchent de beaux livres à offrir pour les fêtes et qui aiment les « bonnes affaires », la librairie du centre organise une Vente Flash de Noël « jusqu’à 90% de réduction sur les prix habituels »... que du bonheur !

Le temps d’aller manger un sandwich, je reviens au Magasin assister à une conférence sur la mondialisation et l’art. La salle est bien remplie, je me trouve une place. Il est question d’art indien et d’art asiatique, de marché de l’art, de lobbies culturels, de nouveaux riches qui finalement investissent dans des artistes locaux talentueux que l’on retrouve ensuite dans toutes les foires d’art contemporain... L’exposé d’Yves Aupetitallot est tellement clair que l’exposition « Espèces d’espace » semble effectivement d’une autre époque, la domination économique et culturelle américaine laissant place petit à petit à une nouvelle histoire de l’art qui évolue au gré des marchés, une histoire de l’art boursière. Une note d’espoir pour l’Afrique qui pourrait devenir le prochain acteur majeur de l’art contemporain... à suivre.

Pour ceux qui ne pourront pas se rendre à Grenoble avant le 4 janvier, direction le site Internet remodelé il y a quelques mois : quelques éléments sur les expositions, mais surtout une collection d’œuvres en ligne réalisées par divers artistes de la scène artistique contemporaine et sélectionnés par Claude Closky. A redécouvrir avec plaisir.

nicolas frespech 

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