Soirée « Mai 68, 40 ans en musique », le 14/06 de 17h à 5h à La Bellevilloise, 21, rue Boyer, Paris 20e, entrée : 15€, 10€ avant 18h ou après 2h. Avec concerts (Arthur Brown, White Noise, Turzi, Etienne Jaumet, Hyperclean), projections (films de Pierre Clémenti), débat, performances.
White Noise auteur en 1968 d’ « An Electric Storm », un des premiers albums entièrement électroniques. © DR
< 14'06'08 >
La pop déviante de White Noise pour fêter mai en juin

69, année excentrique. Quand White Noise sort son premier album, « An Electric Storm », la face du monde pop en est changée à jamais. Bandes magnétiques multi-manipulées, primo-synthés gémissant sur des tempi pop chargés d’effluves psychédéliques guillerettes ou froides, vraie préfiguration d’une forme de synth’pop débridée. En concert pour la première fois à Paris ce samedi à La Bellevilloise, White Noise dévastera-t-il les esprits comme la tempête originelle ? L’événement, et c’en est un, aura au moins le mérite de réhabiliter une des plus fascinantes pages de l’histoire de la pop déviante.

Le projet White Noise prend sa source au cœur de la radio britannique et des fameux BBC radiophonic workshops. Hâtivement présentés comme un GRM british, les ateliers radio de la BBC en diffèrent beaucoup. Chez les Anglais, pas question de recherches, même si on y expérimente pas mal. Ils n’ont qu’une fonction, celle d’illustrer, de jingleliser et sonaliser programmes et génériques variés, jusqu’au chef d’œuvre : la bande son du futuriste Doctor Who, composée par Delia Derbyshire.

White Noise est en fait presque déjà constitué et rodé au sein de l’organisation Delta Unit Plus dont Delia est la mentor, avant d’exister sous sa forme discographique. Avec Peter Zinovieff, collaborateur bref et inventeur du premier synthé portable, le VCS 3, et l’ingénieur spécialiste des effets spéciaux Brian Hodgson, Delia est rejointe par un génial Américain, David Vorhaus. C’est lui qui impulse l’orientation pop du groupe et négocie auprès d’Island Records et de son fondateur Chris Blackwell ce qui deviendra un des disques les plus improbables de son temps.

« An Electric Storm » ne vole pas son titre. Aux ritournelles courtes et obsédantes de la première partie, succèdent un maëlstrom d’electro primitive et de mise en boucle de bandes fracassées jusqu’à la transe sur les deux titres à rallonge qui ferment l’album. Le petite histoire dit que Blackwell était si pressé de recevoir le master définitif, alors que seules 11 minutes de composition avaient été enregistrées, que le groupe eut l’idée d’un remix à coup de cuts-up multiples et de ré-édits sur 6 magnétophones Revox synchronisés.

En hommage différé, ce petit clip posthume drainé sur Youtube :



Dommage que ces inventeurs d’un art multimédia sonore, n’aient pas été clippés à l’époque. Les générations de bidouilleurs qui lui ont succédé ont rattrapé le coup ici ou . Aujourd’hui, le trio White Noise n’a plus que le seul David Vorhaus de la formation originale. Il faudra aller vérifier sa bonne forme ce soir dans le cadre de la soirée « Mai 68, 40 ans en musique, une plongée dans la contre-culture des 60’s avec débats, projections et films, dont « New Old » de Pierre Clémenti, dérive poétique de 1979 et, à 21h15, « Visa de Censure N°X » du même Clémenti, concentré de psychédélisme acidulé. Côté musique, il n’y a pas que White Noise qui revient puisque le britannique Arthur Brown sera là pour mettre le feu, avec son « Fire » de 1968, hit rock-funk-cul-déviant qu’admirait Jimi Hendrix et que la scène post-punk a repris dix ans plus tard.

benoît hické et jean-philippe renoult 

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