« b\w session », 300 dessins en noir et blanc par les résidents du Grand Hôtel Orbis, jusqu’au 26/04 à l’Espace Beaurepaire, 28, rue Beaurepaire, Paris 10e.
Vendredi 25/04, rencontre avec Willem et Medi Holtrop, Quentin Faucompré, Killoffer, Muzo, Baldo, Julie Redon, Vincent Puente, Sandrine Romet-Lemonne, Sophie Brunellière, Thierry Guitard, Two Tom... Concert du Sarah Holtrop band.
« Parade nuptiale » de Quentin Faucompré, ou l’irruption du bizarre. © DR
< 24'04'08 >
« b\w session », blanc c’est noir

Ami mutant, cette expo est pour toi. Le lointain temps des gentils Mickeys est définitivement révolu, au pays de l’illustration et du dessin, l’avènement des freaks et autres monstres hybrides est entériné, la preuve par les 300 dessins, sur papier ou carton, en sérigraphie ou gravure, mais tous en noir et blanc, de l’exposition « b\w session » d’Arts Factory, à l’Espace Beaurepaire.

Avant fermeture ce samedi 26 avril, ami mutant, munis-toi d’un carnet spécial dédicaces à faire passer demain en soirée pour un « pré-décrochage » en compagnie d’une bonne dizaine d’artistes, tous également encapsulés dans l’excellent deuxième volet de « Grand Hôtel Orbis ». Cette anthologie graphique regroupe en 400 pages impeccables quarante dessinateurs illustrateurs dont on peut sans trop s’avancer décréter qu’ils sont les meilleurs de la scène française, celle qui s’est nourrie des remugles les plus créatifs de l’Association (fondée en 1990 par Jean-Christophe Menu, avec David B., Killoffer, Mokeït...) et consorts (Requins Marteaux, Cornelius, Frémok...), des noirceurs jouissives du caricaturiste de Libé, vous l’avez reconnu, on parle du plus français des Néerlandais, l’obsédé Willem, sans oublier la veine satirico-sexo-genrée de l’inénarrable Tom de Pékin ou le graphisme pointu de Stéphane Calais.

Arts Factory, une galerie nomade, a déjà toute une collection de cahiers de dessins « dans la marge » à son actif, ainsi que la coédition des ouvrages du collectif Frédéric Magazine, déjà chaudement recommandé ici-même. Grand Hôtel Orbis, hors de son anthologie annuelle et de l’édition d’estampes et de monographies, est aussi un club de production graphique fondé en 2005, qui se revendique plutôt « Laurel et Hardy que Laure Adler et Pierre Arditi ». Voilà pour les présentations.

Aux murs, les têtes connues (Killoffer, Tom de Pékin, Stéphane Calais, Blex Bolex) côtoient les valeurs montantes (Ludovic Debeurme, Quentin Faucompré, Frédéric Coché), les étudiants fraîchement émoulus des Beaux-Arts (Joëlle Merizen) et les poids lourds (Willem, Charles Burns, Pierre La Police). Hybridations entre art contemporain, peinture, bande dessinée, illustration et graphisme, pour un joyeux décloisonnement des genres, enfin, joyeux, il faut le dire vite, car si les Laurel et Hardy version gode-bondage de Tom de Pékin, les absurdités à la Glen Baxter de Quentin Faucompré ou les délires érotico-porno de Willem (mentions spéciales au collier de couilles et au cow-boy soumis aux saillies d’un boute-en-train, littéralement parlant, d’un cheval donc) font du bien, c’est qu’ils apportent un contrepoint salutaire.

Comme un immense éclat de rire sur le volcan de notre société en vrac. Entre les personnages hydrocéphales ou sans tête, les fantasmes inassouvis, les organes déformés, les corps malmenés, les rêves hantés et les cauchemars éveillés, l’exposition convierait plutôt à un inventaire contemporain des idées noires. On retient les cyclopes de Daisuke Ichiba, les gravures à l’eau-forte de Frédéric Coché, le tryptique en miroir de Sophie Brunellière, l’univers onirique d’enfant seul de Ludovic Debeurme, l’enfermement d’Anne Hemstege. Pas plus gai mais toujours hors-catégorie, les super héros freaks de Daniel Johnston, bloqué à l’âge ado.

julie girard et annick rivoire 

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