« An evening with Ween », le 11/05 à 19h30 à la Maroquinerie, 23, rue Boyer, Paris 20e (20 euros).
Ween s’essaye à tous les styles, sauf au sérieux. © DR
< 11'05'08 >
Ween are the champions

Coupez trois têtes à Ween, il en repoussera toujours d’autres. Ce groupe américain, composé des faux frères Ween (Mickey Melchiondo et Aaron Freeman à l’état civil) se régénère en permanence, capable de prendre au fil de ses 10 albums officiels les traits de Prince autant que d’Ozzy Osbourne, John Lennon, Hendrix ou d’un vieux cowboy chantant en espagnol. Ween peut tout chanter, tout jouer et vous file entre les doigts. « The Mollusk », c’est le titre d’un de leurs disques (1997), et ça leur va comme un gant (visqueux). Vous avez déjà essayé d’ausculter un mollusque ? En général, ça se termine sur le carrelage. On pourra toujours tenter l’expérience ce soir à Paris, où le groupe se produit à La Maroquinerie.

Depuis ses débuts au milieu des 80’s en Pennsylvanie, le duo s’est essayé à tous les genres, alternant production DIY et grosse artillerie de studio, brassant (à la manière de Beck mais avant lui) dans son chaudron un demi-siècle de musique populaire : bricolow-fi, funk Princier, country tradition Nashville, pop décalco de Mc Cartney, adult rock à la Steely Dan, progressif, rock sudiste, boogie groovy, balade de marin, rap, comptine débile… Si tous les goûts sont dans la nature, Ween les assume tous, y compris les mauvais. Alors, rois du pastiche ou faussaires sans caractère ? Comme Ween se caractérise par une communauté de fans très actifs, poptronics a demandé à l’un d’entre eux, Philippe Dumez, tenancier du blog français « Ween Will Rock You », ce que Ween a, que les autres n’ont pas : « Vu de loin, Ween peut ressembler à un groupe d’imitateurs qui emprunteraient à chaque fois la peau d’une de leurs idoles. Vu de près, c’est encore mieux que ça : ils arrivent à tout imiter, même le génie. Il y a dans leur répertoire des chansons à la Lennon qui égalent celle de Lennon, des chansons à la Prince qui rivalisent sans problème avec celle de Prince... L’exemple par excellence de l’élève qui s’est hissé à la hauteur du maître, sans se défaire de son allure de cancre. »

Cancre, c’est même tout leur charme, qui fait qu’on dépose régulièrement les armes, leur passant tout, fautes de goûts, albums à moitié réussis, chansons passables (le saxo assez pénible sur le dernier album « La Cucaracha »). Ween, néologisme né de la contraction de « wuss » et « peen », chatte et bite (« A 15 ans ça nous semblait parfait, mais on n’imaginait pas devoir expliquer ce mot à 37 », se marre le groupe interviewé sur une radio américaine en 2007), parle de cul, emmerde tout le monde et le politiquement correct en premier lieu, cultive l’ironie potache et très mec, ne prend pas de pose, limite un peu de bide. Aussi sexy que les loosers des frères Farrelly (et aussi drôles), les frères Ween ont leur culte (au « Boognish », mi-dieu, mi-démon couronné aux grandes dents qui leur sert de logo), et surtout leurs fans donc, avec qui ils entretiennent une relation particulière, « un rapport très sain, selon Philippe Dumez : ils ont été parmi les premiers à encourager l’échange d’enregistrements de concerts, à organiser la fuite de leurs démos, de leurs morceaux de commande refusés... C’est à croire que le peer to peer a été inventé par deux fans de Ween pour qu’ils puissent s’échanger plus facilement toutes leurs raretés, le tout avec la bénédiction du groupe ! » Si on rajoute que Ween n’hésite jamais à donner des concerts marathon et, ne se contentant pas d’assurer le service après-vente, régale ses fans de ses vieux tubes, nul doute que la communauté sera au complet ce soir.

« Your Party », extrait live (2007) à Asheville du dernier album « La Cucaracha » :

julie girard 

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