Silver Apples en concert le 06/03 à 20h30 au Nouveau Casino, première partie Zombie Zombie, 109, rue Oberkampf, Paris 11e (22€).
Après l’album à la banane du Velvet, voici le premier album des Silver Apples (1968). © DR
< 06'03'08 >
Silver Apples, le mythe proto électrique

« Vous êtes sur le point de vivre l’une des expériences musicales les plus inouïes de votre existence. Sur le moment, vous ne comprendrez peut-être pas tout, mais si vous laissez la musique vous envahir, vous pigerez. » Le message date de 1968, pour une prestation des Silver Apples à San Francisco. L’histoire ne dit pas si les hippies ont tenu longtemps face à ce duo précurseur batterie/machines mais 40 ans après, leur musique n’a rien perdu de sa force poétique et de son étrangeté. Et la soirée au Nouveau Casino s’envisage comme définitivement must to be, avec l’unique prestation française des Silver Apples.

Simeon Coxe a grandi à la Nouvelle Orléans, où il se passionne pour Little Richard ou Big Joe Turner, sans se douter qu’au même moment, les sorciers de la musique expérimentale (dont Raymond Scott et son fabuleux Electronium) inventaient les premières machines à triturer le son. C’est pour se consacrer à la peinture qu’il file à New York, à 21 ans et y rencontre le musicien Hal Rodgers, qui possède un oscillateur dégoté aux puces. Il lui faudra des années pour parvenir à composer des semblants de mélodies avec cet engin qu’il customise à gogo, inventant même un système de couleurs pour distinguer les notes.

Simeon décroche en 1967 un contrat comme chanteur au sein des obscurs The Overland Stage Electric Band, qui lui permet d’expérimenter son oscillateur sur scène. Effrayés, les membres du groupe s’enfuient, à l’exception du batteur Dan Taylor, avec qui Simeon monte bientôt les Silver Apples (d’après un poème de Yeats, « The Wandering Angus »). Stanley Warren, un poète underground, propose ses textes au duo tandis que Simeon connecte neuf oscillateurs, modulés au moyen de 86 leviers qu’il doit actionner avec les bras et les jambes, tout en chantant et en évitant les chocs électriques ! Les Silver Apples inventent ainsi le rock pré-électronique, utilisant même sur certains morceaux des extraits de programmes radio mêlés à une matière rythmique très syncopée.

Deux albums dorénavant mythiques, « Silver Apples » en 1968 et « Contact » l’année suivante, sont enregistrés de manière artisanale pour le label Kapp, qui fait bientôt faillite et ne publiera donc jamais leur troisième album (ce sera chose faite en 1998), contraignant le duo à une tournée erratique et pleine d’aventures. 1969, retour à la case peinture pour Simeon, et début du mythe. Les Silver Apples seront redécouverts par Alan Vega et le courant Krautrock, qui y puisent les ferments d’une esthétique nouvelle. A la fin des années 90, Simeon réactive en solo les Silver Apples mais un terrible accident le paralyse à moitié. Début 2000, il retrouve la scène et trimballe depuis, avec une fougue inchangée, ses machines et son rock visionnaire, plus que jamais d’actualité...

Simeon Coxe interprétant « Oscillations » à Bologne le 26 janvier dernier, sur des images du collectif Joshua Light Show :

benoît hické 

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