« « Second Life, un monde possible », essai sous la direction d’Agnès de Cayeux et Cécile Guibert aux Editions Des Petits Matins, 17 €. Lancement le 12/10 à 19 h : traversée improvisée de Second Life par les auteurs du livre, au Théâtre Paris-Villette, 211, avenue Jean Jaurès, Paris 19e.
"Second Life, un monde possible", des artistes et des chercheurs se penchent sur l’univers virtuel. © DR
< 12'10'07 >
Second Life, le livre, en vrai

« C’est ce monde réel que nous avons souhaité observer, ces nouveaux contours que nous avons désiré interroger et cette nouvelle manière d’exister que nous avons choisi de regarder », avance en guise de préambule Agnès de Cayeux pour présenter « Second Life un monde possible », un essai qui paraît aujourd’hui et dont poptronics vous offre en exclusivité quelques extraits (en version PDF à télécharger ci-dessous, puis, dans moins d’une semaine, dans une toute nouvelle rubrique à explorer).

Un monde bien réel que Second Life, cet univers en ligne et en 3D, premier de ces univers persistants (puisqu’il dure au-delà de la connexion de l’internaute au serveur) qui soit entièrement conçu par ses « joueurs ». Second Life fascine autant qu’il fait fantasmer les spécialistes de l’information comme de l’économie du « premier » monde. La preuve : l’engouement médiatique qui a accompagné pas plus tard que la semaine passée l’annonce par la mairie de Paris de la mise en orbite pour un petit mois d’un espace Second Night dans Second Life (poptronics vous en a déjà dit deux mots, et …). Second Life et ses millions d’inscrits, ses milliers de connectés en permanence, qui échangent et discutent, font commerce de sexe (virtuel) et d’immobilier (virtuel, mais à la spéculation bien réelle), qui bâtissent des îlots parfois utopistes (la recherche en archi y est présente), parfois politiques (on se souvient de la campagne présidentielle par avatars ségolinistes et frontistes interposés). Bref, un monde parallèle qui a de plus en plus de conséquences directes et réelles sur nos vies de citoyens, commerçants, juristes, artistes, etc.

Et c’est là qu’Agnès de Cayeux, artiste dont poptronics est plutôt fondamentalement fan (on le confesse, la preuve avec son pop’lab co-signé avec les graphistes-artistes d’Ultralab), a eu l’idée de réunir penseurs, journalistes, spécialistes des communautés de joueurs ou ingénieurs, pour s’interroger ensemble : qu’est-ce qui change la vie avec ce deuxième monde-là ? Et de farfouiller aussi bien du côté de nos désirs secrets (« Second Life offre un exemple d’espace de perception de la réalité qui rencontre une trace profondément enfouie et oubliée dans les représentations d’un plaisir sans limites », écrit la sociologue Carole-Anne Rivière), que des questions de genre que pose ce monde a priori vierge d’une histoire millénaire de domination masculine. Nathalie Magnan, cyberféministe et tacticienne des médias, co-auteur de l’indispensable anthologie « Connexions : Art, réseaux, media », y explique notamment la pseudo-neutralité à l’œuvre dans la façon apparemment anodine qu’ont les avatars féminins de croiser les jambes en s’asseyant. Ce petit ajout au programme est en fait le résultat d’une discussion entre « slifers » (les aficionados de Second Life) et l’opérateur, Linden Lab, qui n’avait conçu par défaut qu’une seule façon, jambes écartées, mains sur les cuisses, de s’asseoir.

Bref, c’est la première fois qu’un monde virtuel est passé au scalpel du regard de penseurs et artistes, qui, tous, ont été se frotter à cet univers où chacun peut voler (la téléportation est le mode de déplacement), s’acheter un sexe à sa guise, communier ensemble ou au contraire pratiquer les pires orgies. S’agit-il d’une utopie ou d’un monde-bis, avec les mêmes horreurs et les mêmes délices ? Ce soir, au théâtre Paris-Villette, les auteurs en chaussettes ( !) convient à une pérégrination via leurs avatars dans cet espace qui a tout de la Nouvelle frontière (le Far West ou le renouveau des vieilles nations finissantes, au choix).

Extraits de « Second Life un monde possible » (sous la direction d’Agnès de Cayeux et Cécile Guibert, éditions les Petits matins).

Préface d’Agnès de Cayeux :

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Chapitre 1, « La double vie du deuxième monde », par Marie Lechner et Annick Rivoire, journalistes :

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Chapitre 5, « Locataire d’un dispositif sensoriel », par Nicolas Thély, maître de conférences arts plastiques et sciences de l’art à l’université Paris I :

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annick rivoire 

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