Rhys Chatham ressuscite son « Guitar Trio » en concert le 25/04 à 20h aux Voûtes, 19, rue des Frigos, Paris 13e (10€), avec Nina Canal, Ramuntcho Matta, Sophie Valet, Christian Bouyjou et Jean-François Pauvros à la guitare, Nicolas Hess à la batterie et Francis Piérot à la basse. Un concert proposé par Ali Fib, avec Chora, Helhesten et Spoono.
Musique contemporaine, punk, no wave, le « Guitar Trio » de Chatham en 1977 explose les genres. © DR
< 25'04'08 >
Rhys Chatham, des guitares plein les manches

Le Sacré-Cœur s’en souvient encore, quand en 2005, Rhys Chatham y avait fait vibrer 400 guitares électriques. Son « Guitar Trio » (ou « G3 »), auquel il redonne vie ce vendredi 25 avril aux Voûtes est d’apparence plus modeste, tout en étant un jalon de l’histoire des musiques, et pas seulement du rock comme on pourrait le croire de prime abord.

Depuis maintenant 30 ans, Rhys Chatham porte en effet l’un des plus étranges flambeaux de la contre-culture new-yorkaise dans son (ses) manche(s) de guitare(s). D’abord post-minimaliste, ce compositeur issu de la musique savante mène ses études électroacoustiques à la fin des années soixante auprès de Morton Subotnick et surtout, de La Monte Young, dont il gardera le goût pour le bruit et les longues sonorités continues. L’hérésie sublime de Chatham consiste en 1977 à transposer ces vibrations-là à l’instrument totem du rock, banni de la musique contemporaine : la guitare électrique. La légende dit que l’idée serait venue à Chatham au sortir d’un concert des Ramones au CBGB à New York. Allons-y pour la guitare : 3 au départ… 400 pour l’impressionnante performance « Crimson » au-dedans et au-dehors du Sacré Cœur parisien pour la Nuit Blanche 2005.

A l’intérieur du Sacré Cœur :



A l’extérieur :



En mettant les guitares au centre d’une composition contemporaine, Chatham bouscule le seul tabou que John Cage ou La Monte Young n’avaient pas imaginé. La vraie surprise cependant, c’est qu’en 1977, une seule œuvre de musique savante changera le paysage du rock new-yorkais. Glenn Branca, un des musiciens de la première session de « G3 », reprend vite le même principe d’orchestre de guitares et concentre son attention sur le pincement des cordes à vide et les micro-intervalles. Thurston Moore et Lee Ranaldo, futurs fondateurs de Sonic Youth feront leurs premières armes dans les formations de Branca et Chatham. En cela, Rhys Chatham est l’incontestable (et inconscient) parrain de la noisy pop qui déferlera une décennie plus tard avec Jesus and Mary Chain et My Bloody Valentine.



Chatham est donc à la fois un passeur et un inventeur. Quand il ne joue pas de guitare, il se promène toujours avec un cornet (plus facile à transporter). Et quand il ne fait pas de bruit, il parle, comme ci-dessous (remerciant les visiteurs de son Myspace, où l’on peut écouter des extraits de « Guitar Trio »). Tout aussi inquiétant...

jean-philippe renoult 

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