Ateliers de Rennes, Biennale d’art contemporain, rencontres, exposition, jusqu’au 20/07 à Rennes (35), au Couvent des Jacobins, à la Criée, à l’Ecole régionale des beaux arts, au Centre culturel Colombier, au Grand Cordel, au Triangle et à l’Université Rennes 2.
Panneau urbain investi par les entretiens de Jean-Charles Massera avec des Rennais autour du travail. © J.C. Massera
< 22'05'08 >
L’art sur l’établi aux Ateliers de Rennes

(Rennes, envoyée spéciale)

Ateliers de Rennes, première étape : des artistes, accueillis cinq semaines chacun par une entreprise, élaborent avec les salariés un projet. Deuxième étape : les œuvres réalisées sont exposées avec d’autres créées pour la manifestation ou issues de collections publiques ou privées, dans différents lieux à Rennes. Le 16 mai, jour de l’inauguration, poptronics a tendu son micro.

La Biennale de Rennes - tel est le nom sous lequel on l’identifiera sans doute à l’avenir - affiche sa particularité dans les rues de la ville, grâce aux textes placés dans certains abribus ou défilant sur quelques « sucettes » Decaux. Ils succèdent aux pubs, surtout, ils écartent également l’autopromotion de l’exposition, lorsqu’on peut lire, par exemple :

« Je préfère faire ce que j’aime et gagner moins que gagner plus et avoir un nœud à l’estomac en arrivant le matin au travail. »

ou bien :

« Ce qui me dérange le plus ce sont ceux qui nous prennent pour des boniches. Et ceux qui sont au téléphone et qui arrivent en caisse. Là c’est l’horreur. »

Ces textes, en défonce blanche sur fond rouge, signés, souvent, par un prénom et une initiale, sont des extraits d’entretiens menés par Jean-Charles Massera avec des Rennais sur le thème du travail. L’écrivain-critique devient, ici aussi, artiste ou tout au moins exposant dans cette manifestation et sur un certain nombre de panneaux, jusqu’en juin.

Jean-Charles Massera, « Under The Résultats », à découvrir au hasard des déplacements dans la ville :

(durée : 4mn45)

La spécificité des Ateliers de Rennes, outre le financement privé de cette manifestation par un certain Bruno Caron, industriel, est d’affirmer le choix d’une commissaire, elle-même nommée sur son projet par un jury. Raphaëlle Jeune pose la « négativité » comme préalable à intégrer d’abord à son exposition, traditionnellement un espace qui ne se « critique » pas d’emblée. Mais Les Ateliers de Rennes abordent le travail comme thème et plus comme « espace social » ; à la mise en relation de certains artistes avec des entreprises, répond la mise en question du travail par l’art (comprenant la mise en question du travail de l’art)…

Bruno Caron, patron du groupe alimentaire Norac, à l’initiative de cette Biennale de Rennes :

(durée : 3mn45)

C’est au Couvent des Jacobins, espace désaffecté désormais pourvu d’une fonction artistique, qu’on trouvera le plus d’œuvres, qu’elles soient sonores et vidéo (Claudia Triozzi, Carey Young), mises en formes d’un protocole (Jean-Luc Moulène, Martin Le Chevallier) ou carrément sculpturales (Daniel Firman). D’ailleurs, on note certains emprunts au Frac Bretagne (Michelangelo Pistoletto…)

Claudia Triozzi a passé dix jours dans l’entreprise Soreal, où elle a proposé des actions performatives, chantant au milieu des machines :

(durée : 2mn25)

Extrait sonore de la video « I am a Revolutionary » de Carey Young :

(durée : 1mn40)

Daniel Firman, le duché de Bretagne, la « Grande Couronne » et la culture des villes au Couvent des Jacobins :

(durée : 1mn55)

Une série de processus sont « exposés » ailleurs. A l’Université de Rennes, une entreprise repeint des reflets colorés sur la façade d’un des bâtiments (Bernard Brunon). A la Criée, Gianni Motti a fait remplacer le sol par des pavés urbains. A l’Ecole des beaux-arts, l’artiste conceptuel canadien Iain Baxter a mené un « workshop » à la baguette, sur le thème du pain.

Iain Baxter sur les Français et la baguette (en VO) :

(durée : 4mn50)

On note une redondance surprenante, deux fois exactement la même œuvre du britannique Simon Starling, l’une au Couvent des Jacobins, l’autre perdue au Centre culturel Colombier. il s’agit d’une double transformation, celle de l’aluminium d’un fauteuil signé Charles Eames, récupéré pour fabriquer un VTT de la marque Marin, et celle de l’aluminium d’une même bicyclette ergonomique des années 1980, transformé en tubulures d’un fauteuil Eames. Voir deux fois la même chose : cela témoigne, consciemment ou non, d’une approche contemporaine du travail, de la valeur et de l’argent, qui représente à la fois ce qui est le plus désirable, socialement et le plus aliénant, psychiquement.

Deuxième phase de la manifestation, l’exposition « Valeurs croisées » confronte les œuvres de plus de soixante artistes français et étrangers qui traitent de la position du sujet face au travail compris comme processus de création de valeur, au regard de théoriciens et du public, via un « Générateur de problèmes » et une « Cellule de réflexion ». Le résultat de cette confrontation sera rendu public lors d’un Symposium le 7 juin. Un seul regret, celui qu’aux Ateliers de Rennes, trop peu de travaux (artistiques) fassent allusion à la sexualité, au féminisme ou aux questions de genre.

On a beaucoup aimé, un bilan à chaud pour finir :

(durée : 1mn30)

elisabeth lebovici 

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< 2 > commentaires
écrit le < 01'06'08 > par < guido coa nousautres.net >

RIEN DE PLUS EXISTANT A RENNES DEPUIS LES PREMIERES TRANSMUSICALES !!! Une manifestation artistique qui questionne, interpelle en mélangeant les genres. Cette Biennale donne des envies... Blog personnel créé pour l’occassion http://biennalederennes.blog.lemonde.fr/

Bravo pour votre travail sur l’événement Elisabeth...

écrit le < 17'07'08 > par < info aoa poptronics.fr >

La biennale s’achève ce week-end, et c’est un succès au moins en terme de fréquentation : ouverte depuis le 16 mai, cette première édition des Ateliers de Rennes a accueilli plus de 35000 visiteurs, affirment les organisateurs. Et la bonne nouvelle, pour tous les Rennais de l’étape c’est que le 20 juillet, dernier jour donc, l’entrée au Couvent des Jacobins sera gratuite pour tous.

Un catalogue de 450 pages est à paraître à l’automne aux éditions Les presses du réel.