Festival Pocket Films, festival international de films réalisés avec téléphone mobile, 8, 9 et 10 juin 2007, Centre Pompidou, Place Georges Pompidou, 75004 Paris, entrée libre.
Carte blanche à Lili range le chat , le 10 juin, 14h00, petite salle, centre Pompidou.
"Je danse comme un papillon ???, en compétition, le court d’Anthony Rousseau. © DR
< 10'06'07 >
Remplir ses poches d’images au Pocket Films festival
Déjà la troisième édition du festival Pocket Films, organisé par le Forum des images à Beaubourg tout le week-end. En trois ans, le rendez-vous du cinéma filmé pour et par des téléphones portables a réussi à s’installer dans le paysage français, des médias au grand public, qui vient nombreux (13000 visiteurs sur les deux précédentes éditions) assister à ce mélange de visionnage de courts très courts, de conférences et d’ateliers découverte.
Surprises visuelles et qualité narrative sont encore une fois présentes pour ce Pocket Films qui étend sa sélection à l’international. Japon, Brésil, Afrique du Sud et Ouzbékistan, le support mobile est accessible à la planète entière, et démocratise singulièrement l’accès au tournage et à la réalisation de courts-métrages. Les thèmes en sont par conséquent élargis. On oublie peu à peu les fictions générées par le téléphone et sa faculté ubiquitaire (il en reste, des courts qui s’amusent à mettre en scène nos vies de télécommuniquants, comme le très amusant "Short message" de Julien Lassort).
La sélection balaye les techniques hybrides et les narrations expérimentales. En vrac, on peut citer le splitscreen (un écran démultiplié, et pourtant il est petit, l’écran du téléphone portable, mais cette technique permet de contourner la médiocre qualité des images tournées avec un téléphone pour une diffusion sur écran géant), les fictions ralenties, le noir et blanc et les images laiteuses, les fictions mobiles (que le festival catégorise sous la terminologie "Le paysage en marche") ou textuelles (le texte y est mis en scène et intégré à la narration, comme le SMS a accompagné l’essor du téléphone portable). Enfin, les paraboles sur la grande parano, entendez ce monde où nous sommes tous Big Brother avec nos outils de surveillance de poche qui sont autant d’instruments d’une reprise en main civique (surveillons ceux qui nous surveillent)...
En compétition, quelque quinze courts et moyens métrages que devront départager un jury "people" (présidé par Claude Miller, avec Dominique Blanc, Tom Novembre, Alain Riou et Philippe Germain) et les votes du public. Le petit côté « comme les grands festivals » avec « soirée de palmarès » en clôture, dimanche 10 juin, n’est sans doute pas ce qui fait le charme du Pocket Films.
On lui préfèrera la profusion d’images tremblantes et encore très imparfaites qui fabriquent un panorama international brinquebalant, plus pré-cinématrographique que destiné à une diffusion en salles. Et on conseillera les chemins de traverse, telle cette carte blanche au duo Lili range le chat, qui vient témoigner d’un échange techno-ethno-linguistique plutôt étrange et intrigant entre « une communauté de filmeurs » européens et ouzbèques, via l’école française de Tachkent, en Ouzbékistan.
En suivant le principe des dominos ou des cadavres exquis, des échanges cinéma se sont mis en place depuis mars dernier entre filmeurs, ici et là-bas, partant d’expressions et proverbes prétextes à fabriquer de la fiction en images à auteurs multiples. Deux blogs, celui des écoliers (CM1-CM2), « Quand la queue du chameau touchera par terre », et celui des adultes, « Son papillon s’est envolé », une expression russe qui signifie « être dérangé dans sa tranquillité », font l’interface de cette construction collective. Lili range le chat vient présenter dimanche à 14h l’œuvre en cours et évoquer ce travail de « lépidoptéristes » des filmeurs « capturant des films papillons qu’ils épinglent par la suite pour créer une collection ». Le téléphone portable se fait le support idéal d’une telle création : « Il reste toujours dans la poche puisqu’il est l’accessoire d’un outil de communication quotidien ».
annick rivoire 

votre email :

email du destinataire :

message :