Radiohead propose, à partir du 10 octobre, « In Rainbows », son nouvel album sur son site, en laissant aux fans le soin de décider du prix qu’ils veulent y mettre.
Combien vaut le nouvel album dix titres de Radiohead ? A vous de voir, à votre bon cœur. © DR
< 02'10'07 >
L’album de Radiohead à prix variable sur le Net

Voilà à quoi sert de ne plus avoir de maison de disques : Radiohead propose aux internautes son nouvel et septième album, « In Rainbows », en téléchargement à partir du 10 octobre ou en précommande sur le site créé pour l’occasion. Jusque-là, rien que de très banal. Ce qui l’est moins, c’est le choix laissé à l’internaute du montant qu’il attribue à son achat : en remplissant son panier, on fixe le prix du disque. Avec humour, le formulaire à remplir indique « c’est comme vous voulez », et si l’on clique à nouveau sur le point d’interrogation à côté du champ laissé vide pour le prix, un autre message apparaît : « vraiment, c’est à vous de voir ». Même à 0 livres, l’enregistrement de la commande se déroule jusqu’au bout, normalement. Annoncée hier matin sur leur site (« Bonjour tout le monde, notre nouvel album est terminé et il sort dans dix jours. Nous l’avons appelé In Rainbows, on vous aime tous. Johnny »), l’opération a rencontré un tel succès que le guitariste du groupe d’Oxford s’est fendu d’un autre message hier soir pour préciser que Waste Productions, la société gérant la transaction on line, avait essuyé quelques problèmes techniques mais que tout allait rentrer dans l’ordre.

Rien d’étonnant à un tel succès, Radiohead, depuis « Ok Computer » en 1997, essai confirmé avec « Kid A » (2000) puis « Amnesiac » (2001) et « Hail to the Thief » (2003), a été numéro un des ventes en Grande-Bretagne et a vendu des centaines de milliers d’albums dans le monde. Thom Yorke (chant), Jonny Greenwood (guitare), Ed O’Brien (guitare et choeur), Colin Greenwood (basse) et Phil Selway (batterie) sont dégagés de leur contrat avec EMI depuis 2006 et ont depuis une relation particulière avec leurs fans via leur site Dead Air Space (avec messages codés et dessins sybillins), manière de faire monter l’attente. Les amateurs savent désormais que l’album ne sera au préalable vendu que sur l’Internet (et dans les bacs en janvier), soit en téléchargement, soit au format d’un coffret à 40 livres (57 euros), fabriqué sur commande et livré à partir du 3 décembre.

Au-delà de la qualité du disque lui-même, il faudra suivre la commercialisation de cet album pour vérifier une hypothèse sur laquelle mise Radiohead : tous les internautes ne sont pas des téléchargeurs pirates. Ce que refusent d’envisager les maisons de disques, qui continuent de fixer des verrous techniques pour éviter la copie, pourrait ainsi devenir pour Radiohead un excellent moyen de faire sa promotion à moindre frais. C’est la première fois qu’un groupe aussi populaire se lance dans un tel modèle. Prince avait bien défrayé la chronique cet été en lançant son nouvel album « Planet Earth », en bonus avec le tabloïd anglais Mail on Sunday (s’offrant ainsi une distribution à plus d’un million d’exemplaires). Mais il s’est aussi fendu d’une action contre Youtube, accusé de diffuser des vidéos pirates de l’artiste américain. A l’exception de The Pirate Bay (énorme site suédois d’échange de fichiers en peer-to-peer revendiquant le téléchargement illégal), qui avait annoncé début juin le lancement d’un service payant, Playble, sur le principe du « je paie ce que bon me semble » pour le téléchargement de vidéos, Radiohead est pionnier en matière de distribution alternative. A suivre…

annick rivoire 

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