Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand, 30e édition, du 1er au 9 février, à Clermont (63). Séances d’ouverture ce soir à 19 h et 22 h 30, ouvert de 10 h à 24 h les autres jours.
Compte-rendu quotidien de poptronics en direct du festival à partir de lundi.
Premier jury du festival en 1982 (pas de compétition les trois premières années), qui avait attribué son Grand prix au film « Du crime considéré comme un des beaux-arts », de Frédéric Compain, avec Michel Piccoli, alors que l’Association des réalisateurs clermontois distinguait « Strangulation Blues », de Leos Carax . © DR
< 01'02'08 >
On vous la fait court, Clermont-Ferrand a 30 ans

Trente ans à l’échelle du court, c’est long ! Le festival international du court métrage de Clermont-Ferrand entame ce vendredi soir sa trentième édition, sans faste exagéré (restrictions budgétaires sur la culture oblige), mais sans non plus dévier de sa remarquable identité : ici, à Clermont-Ferrand, une ville qui se mérite (toujours pas de TGV, températures de saison pour le festivalier qui, quel qu’il soit, fait la queue sans passe-droit), la passion du ciné-club des premiers jours n’a pas faibli. Malgré sa professionnalisation, la « Semaine du Court Métrage » née en 1979 s’est certes transformée en rendez-vous obligé et international (les quelque 3000 accrédités en 2008, réalisateurs, producteurs et diffuseurs, viennent y faire leur 23e Marché, tandis que les spectateurs affluent dans une ambiance famille et bande de jeunes ravis qu’il se passe un truc fort), mais l’état d’esprit modeste et passionné est toujours de rigueur. Et l’équipe originelle, toujours en piste, rappelle aujourd’hui que « peu de gens auraient parié sur son développement : du court métrage ? à Clermont-Ferrand ? nous-mêmes n’avions pas une idée très claire d’où nous voulions aller et comment ».

Pourtant, des centaines de cinéastes aujourd’hui réputés sont passés par Clermont, et le festival peut légitimement égrener ses trophées : 2 millions de spectateurs pour des milliers de films, 11 ministres de la Culture, 8 directeurs du CNC, une section Labo qui a su intégrer la révolution numérique quand les cinéphiles puristes refusaient de parier un kopeck sur l’avenir de ces nouveaux formats, et une palette éclectique qui va du très grand public (cette année la programmation chien, forcément poilante) au très conceptuel ou arty (le Labo donc, mais aussi via des programmes comme le focus sur l’Asie du Sud-Est), jusqu’à choisir poptronics comme partenaire privilégié (si c’est pas aventureux, ça !).

Alors, quel sera le menu de cette trentième édition ? Manuel Poirier, Mathieu Kassovitz et Gérard Krawczyk, des « anciens » du court, ouvriront ce vendredi le festival en assistant à une séance de cinéma en relief, témoin du grand écart que réussit plutôt bien le festival, entre envie d’attirer le grand public et « propection pour le futur du cinéma » ; cette curiosité sera présentée et accompagnée au piano par Serge Bromberg, cinéphile érudit à qui l’on doit les séances « Retour de Flamme » (qui restaurent le patrimoine cinématographique). Puis s’égrèneront les compétitions (65 films en sélection nationale, 75 en internationale, 42 en Labo), les programmes thématisés (dont la sélection clips concoctée par poptronics, on ne va pas redire tout le bien qu’on en pense…), les remises de prix, l’Atelier (un plateau de tournage ouvert au public, où des étudiants en effets spéciaux, des apprentis comédiens et des techniciens réalisent pendant le festival bandes-annonces et courts, on y revient).

Sans oublier le colloque du 7/02, intitulé « Faire le point », qui, comme son nom l’indique, devrait poser quelques pistes de réflexion autour de la question de ce « court qui grouille ». Comme l’écrivaient en 1980 les organisateurs : « si (le court) est le début du cinéma, c’est aussi son avenir : fiction, animation, expérimental, documentaire … dans tous les formats », faisant également ce constat qu’en « dehors de quelques films phares, de quelques valeurs reconnues, l’intérêt des critiques, voire des historiens, quitte rapidement le champ du court pour rejoindre celui du long métrage : l’histoire ne s’écrirait-elle qu’en fonction de la longueur des œuvres ? »

Le court métrage est en tout cas aux avant-postes de l’explosion des circuits de diffusion et distribution, via la multiplication des plate-formes d’échanges vidéo sur l’Internet, et fait face à la généralisation de l’autoproduction. Sur 1300 films français inscrits cette année, seulement 400 avaient obtenu un visa d’exploitation du CNC… Il est aussi forcé de faire avec la remise en cause des référents : les productions sont moins cinéphiles, font la part belle aux formes pré-cinématographiques qui font mal aux yeux. Les réalisateurs aussi, formés dans des écoles d’art (du Royal College of Art jusqu’à l’ENSAD) alternent dessins, films, footage ou images de synthèse. Un signe de ces bouleversements, « il y a cinq ans, raconte Calmin Borel, l’un des directeurs artistiques, des acheteurs sud-coréens sont venus passer commande d’un lot de 500 films de moins d’une minute pour téléphone portable ». Aujourd’hui, c’est la France qui y vient via le haut débit et la 3G.

Et poptronics dans tout ça ? Pour ce partenariat exceptionnel, la pop’équipe sort l’artillerie : une sélection de clips d’abord, une position d’observateurs privilégiés de la sélection Labo, avec Benoît Hické en animateur des débats avec les réalisateurs, au côté d’Alain Burosse (le mythique créateur du non moins mythique « Œil du cyclone », respect), Annick Rivoire en jury tout ce qu’il y a de plus officiel de ladite sélection, et Julie Girard, qui œuvre dans l’ombre à la qualité éditoriale de poptronics et viendra apporter sur place la mise à distance nécessaire pour un suivi quotidien (à partir de lundi).

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