Look up More, happening architectural en vitrine. Les autres performances d’ImproveEverywhere en vidéo sur Revver.com.
Manif en vitrine à New-York, un nouvel activisme ou un renouvellement du happening ? © DR
< 04'08'09 >
Manif de façade

(Pop’archive). L’architecture à visage humain, sans se vanter. Une façade en chair et en os. Ça se passe à New-York, en 2005, mais la vidéo de la performance vient juste d’être mise en ligne (et à voir ci-dessous). Un grand magasin qui a investi un immeuble de verre sur Union Square, une façade vitrée comme bien des architectures contemporaines, éclairée de nuit, la transformant en écran géant pour activités séditieuses. Ce soir-là, « 61 agents secrets sont progressivement arrivé, vêtus de pantalon et chemise noire » pour se poster aux fenêtres, comme dans une vidéo des Frères Jacques ou un remake d’un vieux James Bond. Dirigé par un comédien pro de l’impro, Charlie Todd, qui, bien avant la vague des Flashmobs (foule éclair en français), avait lancé son site « Improve everywhere », d’appels à projets participatifs en plein air, les « agents » synchrones répondent à des consignes précises, gesticulant tels des pantins ou pointant du doigt l’un d’entre eux seulement pour finir en hommes-sandwichs avec pour message « Look up more » (levez plus le nez).

Le but n’a rien du subversif, ou de façon très légère. Charlie Todd le revendique haut et fort, il s’agit d’abord de s’amuser, de performer ensemble, en petit comité comme en grosse bande, à l’image de sa dernière action, bien moins intéressante, un « MP3 experiment », rassemblement dans un parc new-yorkais le week-end dernier, avec iPod et autres baladeurs numériques (les participants téléchargent le MP3 avant le rendez-vous, choisissent une couleur de t-shirt puis suivent les instructions données sur le site pour former une sorte de fleur chantant la même mélodie…).

Depuis 2001, Charlie Todd, acteur et membre de la guide d’improvisation locale, a trouvé sa voix : après s’être fait passer pour un chanteur de folk (inconnu sous nos latitudes), Ben Folds, et avoir entourloupé tout son monde, il a pris goût à ces canulars et en propose régulièrement sur son site. Certains surfent sur l’humour à l’américaine (la « patrouille des hugs », embrassades accolades chères aux Yankees), d’autres virent carrément potache (une manif de roux devant chez Wendy pour protester contre une pub mettant en scène un rouquin mangeur de burgers, un rassemblement « sans pantalons »…), quand une petite frange s’inspire de la culture du hoax (Writers against piracy, les écrivains contre la piraterie, une fausse association qui attira l’attention des vraies autorités).

« Nous agissons parce que ça nous fait rire, clame Charlie Todd, mais aussi pour occuper l’espace public. » Une revendication, qui, comme le souligne Time Out qui a mené l’enquête sur les nouveaux « combattants de la rue » et toutes ces pratiques alternatives aux bonnes vieilles manifs et sit-in dans les rues de New-York, est loin d’être la plus politique et activiste. Plus proche du concept de la Flashmob, ces réunions par le bouche-à-oreille, spontanées et éphémères, pour ouvrir un parapluie ensemble ou faire sonner son portable en simultané. Pour le plaisir de prouver son appartenance au groupe. Et aussi pour faire la nique à tous ceux qui continuent de penser que l’Internet isole, que les geeks sont de grands autistes incapables d’agir dans la vraie vie…

Cet article a été publié la première fois le 22 août 2007.

annick rivoire 

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