Après-coup bis sur le festival Make Art, qui s’est tenu du 25 au 30 novembre à Poitiers.
L’installation "Al Jazari" de Dave Griffiths et ses robots musiciens. © Dave Griffiths
< 04'12'08 >
Live-coding, demandez le programme !

(Poitiers, envoyée spéciale)

Quatre manettes colorées, un écran partagé en quatre où se déplacent de mignons petits robots assortis aux manettes en créant des sons. C’est l’installation « Al Jazari » de Dave Griffiths, très appréciée du public de Make Art, le festival dédié aux arts numériques et aux FLOSS (Free/Libre Open Source Software) qui s’est tenu la semaine dernière à Poitiers. On s’approche, demande à ses voisins comment s’en servir, et hop on se retrouve en train de faire de la musique.

La source d’inspiration à l’origine de cette installation, c’est d’abord l’ingénieur Al-Jazari au XIIIe siècle mais aussi des jeux façon Sims. Ce module est en tout cas une version simplifiée et multijoueurs d’un outil de live-coding (des performances où le code s’écrit en direct) conçu par Dave Griffiths grâce à son logiciel Fluxus. Pas de lignes de code apparentes dans cette installation sauf lorsque l’artiste appuie sur une touche, permettant de visualiser en superposition le code des robots et de changer des paramètres pour en faire varier le comportement. Dave Griffiths, développeur britannique de jeux vidéo (il en invente depuis qu’il a 11 ans), utilise le jeu pour en faire autre chose, ici de la musique en direct. ll faut dire que ce codeur arty aime en jouer au côté de groupes punks dans les pubs à Londres où il vit. Il part bientôt rejoindre le collectif-laboratoire FoAM, basé à Bruxelles et à Amsterdam, le temps de projets de jeux et de robotique. Le mot d’ordre de FoAM, « Grow your own worlds », lui convient bien.

Make Art dédiait une soirée au live-coding côté musique, c’est-à-dire à cette pratique qui consiste pour un musicien à programmer en temps réel ce qu’il joue (modifiant le code dans différents environnements de programmation, Pure Data, Super Collider, Perl et Fluxus), et souvent à projeter sur un écran ce qu’il fait pour permettre au public de saisir tout ou partie de sa performance. Etaient invités quatre musiciens-codeurs : Robert Atwood, Matthew Yee-King, Alex McLean et Dave Griffiths (ces deux derniers en duo jouent également ensemble dans Slub, avec Adrian Ward, le créateur des logiciels d’art génératif Autoshop et Auto-Illustrator en 1999-2001). Alex McLean, lui, a imaginé l’interface en ligne « Babble », pour l’exposition « Supertoys » à voir en ce moment à Bristol (qui rassemble également les robots environnementaux de l’artiste et ingénieur Natalie Jeremijenko).
L’occasion donc de suivre sur les écrans le travail de chacun des musiciens, qui tapent à toute vitesse sur leurs claviers, créant et modifiant en permanence le code qui génère le son, et d’écouter les sets électroniques tour à tour rythmiques ou expérimentaux, avant une improvisation collective en fin de soirée.

Dave Griffiths et Alex McLean, « Nice and Rhythmic », le 29/11 à Poitiers :



La variété à la fois de l’approche musicale et des logiciels ou langages utilisés a donné une bonne démonstration de ce que peut être le live-coding, prouvant si nécessaire que l’on peut apprécier les performances quel que soit son niveau d’addiction à la ligne de commande.

anne laforet 

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