Body Mix, second volet du festival Transgens à la Place Forte, jusqu’au 27/11, 8, passage des Gravilliers, Paris 3e.
Une des (trop) rares œuvres intéressantes de Body-Mix, signée Pascal Lièvre, qui instille le doute, l’humour, la distance et le flou dans les questions de genre. © DR
< 25'11'10 >
Lettre à Ana Vocera à propos de Body Mix

Chère Ana Vocera, je vous écris ces lignes d’un endroit proche de la sphère centrale parisienne, un lieu que vous appréciez sans nul doute mais dont votre absence s’est cruellement fait sentir le soir du vernissage de l’exposition Body Mix à la Place Forte… Second Volet du festival Transgens initié par La Place Forte.

Ce n’est pas la gymnastique politique de Pascal Lièvre, « Aerobic Féministe Monique Wittig », qui est dérangeante, loin de là. Elle apporte un peu de gaîté (à lire dans tous les sens du terme) et de fraîcheur féministe et acrobatique dans cet accrochage tellement conventionnel et consensuel. Ana, vous expérimentez une nova-langue fondée sur le slang et le téléchargement musical. Vous avez transcrit des relations physiques et politiques comme espace d’une pensée à la marge. Presque viscéralement, vous écrivez « Pour le meilleur et pour le peer » comme un appel à venir farfouiller dans vos tripes et les entrailles des autres… Pourquoi n’êtes-vous pas intervenue pour arrêter ce retour du classicisme formel ?

Insultez-moi, traitez-moi de naze, salop(e), vendu(e) à l’art gay, du degré zéro de la revendication trans. Vandalisez-moi, mais réagissez à cet accrochage qui contredit ou qui altère la pensée qui devait sous-tendre le festival Transgens (dont poptronics est partenaire…). Un accrochage n’est jamais anodin, il reflète la pensée de l’organisateur. Il souligne ses choix et ses exigences. Et là, ce second volet du festival Transgens est, comme vous l’aurez compris, plus que déceptif : il n’y est pas question de mélange, mais d’un formidable esprit de cloisonnement.

L’expo tente maladroitement d’enfoncer des portes ouvertes, de manière presque niaise et passéiste. On aurait aimé bander (au sens physique du terme), être excité intellectuellement, pleurer, s’émouvoir, s’insurger et au lieu de cela, rien, le vide… Ne reste que le sentiment d’un gâchis devant cette masse d’images accrochées dès l’entrée comme dans les musées dédiés aux peintures du XIXe siècle.

Cette exposition raconte une histoire, celle du retour des refoulés ; c’est-à-dire le retour à une pensée conformiste qui n’a que faire de la mixité, car elle se préoccupe de classements, d’étiquettes, de rangements, de cases. Chaque artiste par mur, pas de mélange, surtout pas… Les cloisons se cachent sous l’apparente simplicité des œuvres exposées en se camouflant derrière un mode mineur, celui qui régit l’art de vivre de la fashionista écervelée…

Des dessins naïvement beaux, qui rappellent ceux de nos adolescences, ponctuent quelque chose. Le problème, c’est la définition de ce quelque chose… Mais oui, mais c’est bien sûr… ce sont les garçons qui aiment les garçons mais aussi les filles, et parfois même des garçons qui se déguisent, se griment et se peinturlurent pour parler des genres. C’est simple, un garçon maquillé parle forcement d’identité, de travestissement du genre… Sauf que la vie n’est pas une case.

De ce magma pénible surnagent deux pièces : en vitrine, l’image de Kael T Block (ci-dessus), signée Pascal Lièvre, et le film de Catherine Corringer au sous-sol, « Smooth » (qui a reçu le prix du meilleur court-métrage au dernier Porn Film festival de Berlin). Deux éléments d’une même dialectique ; deux œuvres qui, elles, ne sont pas des illustrations ni des reprises des motifs si chers à Nan Goldin, etc.

Il y a dans cette image fixe et dans ce film la même attention au corps et la même intention de subversion. Il y a ce genre perturbé, dont en fait on se moque éperdument. Ne restent que la mise en scène et une caméra, qui filme ce corps devenu surface mutante, qui peut faire grincer des dents. Cette peau crispée, entubée, ce sexe noué puis ces flashs épidermiques de membres. L’identité se fragmente, le genre se disloque. Body Mix, ça y est, on le tient…

cyril thomas 

votre email :

email du destinataire :

message :

< 2 > commentaires
écrit le < 27'11'10 > par < anavocera Uis emosmos.com >
méchant méchant méchant tu dois mourir mourir mourir
écrit le < 27'11'10 > par < anavocera 2R5 emosmos.com >

intervenir - intervertir - introduire - interdire - le transgenre est un label mort avant terme. Je laisse l’artiste agir interagir réagir. Il se tient droit ou il plie. Ce n’est plus de mon ressort. Parfois tu aimes et tu ne jouis pas et parfois c’est l’inverse. La globalité est plus rare. Il y a le gay qui se fait défoncer sans capote sous le quai de jemmapes. Et celui qui a construit hors sida le reich destructeur du boboland. chacun dans sa case. chacun dans sa peur. Le racisme a cela de rassurant que lorque l’on en est la cible on retrouve toujours son semblable dans des abris fermés et destinés à cet usage. La place forte veut casser ces cellules sécuritaires que les exclus au fond cultivent plus encore que les autres. Elles fondent même leur apparente marginalité. Peut être même leur vie dite rock n’roll.

je me suis trompée. Car je suis une idéaliste. Reste que si j’aime tes lignes. Je me dois de les mépriser. Car il y a les mots qui ne commetent que rarement d’erreurs. Et les actes pour lesquels on finit tjrs par être jugés et punis.

J’ouvre l’espace. Ensuite on le baise bien ou non. Je te laisse le soin d’en juger. Moi j’en ouvre juste les cuisses.

je ne suis pas moins coupable de croire à sa belle pénétration.