Concert de Thee, Stranded Horse le 21 janvier à 19h30 au Café de la Danse, 5, passage Louis-Philippe, Paris 11e. Première partie : Ralf Bande. (entrée : 12 €.)
« Churning Strides », premier album de Thee, Stranded Horse (Blank Tapes/Talitres).
Yann Tambour injecte de la kora dans le folk de son Thee, Stranded Horse. © DR
< 21'01'08 >
Le folk griot de Thee, Stranded Horse à Paris

Yann Tambour installe ce soir son « cheval échoué » (Thee, Stranded Horse) au Café de la Danse pour un concert qui devrait confirmer tout le bien qu’on pense de ce garçon, d’abord repéré au début des années 2000, avec Encre, par ses textures acoustiques et ses ornementations électroniques (boucles, samples) et son cousinage avec le héros Jim O’Rourke, en plus « folk ». Déjà son premier album, publié sur l’activiste label parisien Active Suspension, s’inscrivait dans une veine expérimentale adepte de l’épure. Le chant de Tambour était murmuré, les cordes effleurées, la respiration et le silence intervenant comme des éléments sonores à part entière, gage d’une insolente maturité toute en pleins et déliés.

Puis Yann Tambour a fait un périple (mental ?) en Afrique de l’Ouest pour défaire sa musique urbaine et apprendre à manier cet instrument magique, la kora. La musique populaire regorge d’histoires de ce type, d’un Coltrane désireux à la fin de sa vie de retrouver une transe originelle à Damon Albarn qui, lassé de sa brit-pop de petit joueur, entreprit le voyage musical au Mali pour dialoguer avec les artistes locaux. Yann Tambour a vécu la secousse sismique lors d’un concert du griot malien Toumani Diabaté, maître de la kora. Cette harpe-luth munie de 21 cordes, issue de la tradition mandingue, produit des sons cristallins qui semblent enrichir de facto toute mélodie, et demande un satané talent de « picking », cette technique de jeu de guitare typiquement folk.

La kora donne l’impression que plusieurs mélodies se déploient en même temps, par ses cordes entrelacées, et Yann Tambour en glissa quelques mesures dans le maxi « Marbres » en 2004, avant de se produire au côté de Ballaké Sissoko, autre génie de la kora (une rencontre qu’on retrouve dans cette interview à deux voix, pour la revue « Mouvement »). Après avoir plaqué la capitale pour les plages normandes, il se consacre au projet Thee, Stranded Horse. L’album « Churning Strides », distribué l’an dernier par Talitres, est un mélange très réussi d’influences folk (essentiellement britanniques, d’où le phrasé du bonhomme) et de phrases musicales africaines essaimées de silences, et sa retranscription sur scène, qui ne renie pas la guitare acoustique, suspend le temps. En cette époque de renouveau très marketé du folk mou et poilu, s’immerger dans cette musique rentrée en elle-même et qui fait des risettes au Marc Bolan pré-T.Rex (en témoigne la reprise de « Misty Mist »), est un bonheur que l’on partagera, recueilli, lors du concert de ce soir.

En bonus, la session enregistrée par Yann Tambour pour Radio Campus Paris et trois vidéos.

Thee, Stranded Horse au Point Ephémère, au printemps 2007 :



Toumani Diabaté à Brooklyn, l’été dernier :



Tyrannosaurus Rex - « Debora » (Kempton Park, 1968) :

benoît hické 

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