Gamerz #10, festival des arts multimédias, du 2 au 12 octobre 2014, Aix-en-Provence : Ecole supérieure d’art, tous les jours de 13h à 19h

, galerie Susini

, exposition Olivier Morvan, tous les jours de 13h à 19h, Fondation Vasarely, de 10h à 13h et de 14h à 18h
, à Seconde Nature
, exposition François Lejault, tous les jours de 13h à 19h

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Entrée libre et gratuite
A l’école d’arts d’Aix-en-Provence, projection XXL des Gifs animés de Kim Asendorf, pour la soirée anniversaire de Gamerz 2014. © Carine Claude
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Le festival Gamerz fête dix ans de fronde ludique

(Aix-en-Provence, envoyée spéciale)

Dix éditions déjà ! Gamerz, le festival aixois qui batifole dans les champs de l’art numérique, de l’expérimentation sonore et du jeu vidéo tape fort pour sa formule anniversaire. Du 2 au 12 octobre, plus de cinquante artistes internationaux présentent leurs œuvres multimédias dans quatre lieux culturels de la ville avec pour mot d’ordre « la libération du jeu et de l’art contre les loisirs passifs et pour un travail collaboratif et émancipant ». Alors cette année, on détourne, on hacke, on s’amuse en mode DiY pour réfléchir aux métamorphoses de la société. Le tout orchestré par une organisation un peu à l’arrache qui fait tout le charme de cette manifestation gratuite dont Poptronics est partenaire.

À l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, David Renault et Mathieu Tremblin (alias Les Frères Ripoulain), assurent le commissariat de l’exposition collective « LikeJacking ». Sous le signe du hacking urbain, leur sélection pioche dans les projets du FAT Lab, un collectif new-yorkais d’artistes, d’ingénieurs et de scientifiques qui sévissent au croisement de l’open culture et de l’open source.


« The Englishman », de Kyle Macdonald, détournement ironique du Liberator, l’arme en impression 3D lancée aux USA en 2013. © Carine Claude

Dans le prolongement du parcours d’exposition, Kim Asendorf présente sa série de 80 Gifs animés intitulée « 12 C » (2012). « J’ai réduit volontairement mon répertoire esthétique à 12 couleurs et à 12 cadres », explique le net-artiste allemand qui utilise des stratégies génératives, de la programmation physique, de la donnée brute et du glitch pour créer ses Gifs hypnotiques. « Parfois, ils flottent comme des pixels liquides et donnent l’impression d’un espace en trois dimensions, alors que seules les couleurs changent, pas l’algorithme. » Projetés le soir de la fête anniversaire, vendredi 3 octobre, sur les façades de l’école des beaux arts d’Aix-en-Provence, le résultat psychédélique est saisissant… bien qu’un peu intello.


L’une des 80 variations de Gifs animés de la série « 12 C » de Kim Asendorf (2012) © Kim Asendorf

Car c’est tout l’art de Gamerz, savoir jongler avec les genres, du plus exigeant au plus ludique. « On s’est cherchés un peu au début, mais maintenant, on trouve notre vitesse de croisière », dit Quentin Destieu, co-directeur du festival qui initie à tout-va résidences de création et co-productions au sein du Lab Gamerz. Dans la cour, les performances musicales d’Arnaud Rivière, Continuum et Pacific Princess se succèdent avec plus ou moins de bonheur, jusqu’à l’intervention de Nicolas Maigret avec « Drone-2000 ». Expert des performances critiques, l’artiste balance ses drones assourdissants au dessus du public et renvoie ces envahisseurs du quotidien à leurs origines militaires. Sur le front, Adelin Schweitzer, qui expose un peu plus loin son installation multimédia « Dichotomie #The Fisherman », file la main pour conduire cette attaque d’Ovni digne de « La Guerre des mondes ».


« Drone 2000 », Nicolas Maigret (2014), une création coproduite par le Lab-Gamerz. © C. Claude

Après l’éclipse Marseille 2013, où le festival avait limité sa programmation à l’école d’art et à la galerie Susini pour cause de partage du gâteau entre les acteurs de la capitale culturelle européenne, Gamerz réinvestit en force Seconde Nature avec les vidéos poétiques et naturalistes de François Lejault et la Fondation Vasarely, qui présente la première exposition d’œuvres copiées sous licence Copie Copains Club. Les membres du collectif affichent leur manifeste qui proclame que « Les copains sont libres de copier n’importe quel artiste vivant » et font de la copie des œuvres circulant sur le Web leur terrain de jeu fétiche. Forcément, leurs détournements mettent à mal la notion de propriété intellectuelle, comme dans le cas de « Survival of the Fittest, Graffiti » (« Survie du plus apte »), par le Canadien Emmanuel Laflamme, copie d’un célèbre Banksy de la série « Rat Stencils ».


« Survival of the Fittest, Graffiti », Emmanuel Laflamme (2012), certifié copie conforme de Banksy. © Carine Claude

Autre incontournable d’une édition réussie de Gamerz, au rez-de-chaussée de la fondation Vasarely, Isabelle Arvers présente « Machinigirrlzzz », une exposition de machinimas (ces films conçus à partir des moteurs de jeux vidéo) réalisés par des femmes qui questionnent le féminisme et le genre. Sa sélection de 14 films a fait l’objet d’une projection spéciale à l’École d’Aix mercredi 8 octobre.

À Vasarely, on fait aussi beaucoup tourner les platines. D’abord avec « Spectra » de Lucien Gaudion, disque vinyle imprimé façon picture disc qui balaye le spectre audible des fréquences les plus basses aux plus aiguës.


« Spectra », installation pour Vinyle préparé, Lucien Gaudion (2011). © Carine Claude

Plus loin, le spectaculaire dispositif « Flat Earth Society » conçu par Art of Failure, le collectif fondé par les deux Nicolas, Maigret et Montgermont, récupère les captations de radars topographiques, les grave sur un 33 tours et les rejoue à l’aide d’une platine. L’image projetée des sillons phonographiques figure les Alpes, l’Himalaya, ou encore l’archipel des Antilles dans une inquiétante rotation qui écoute la Terre à échelle géophysique.


« Flat Earth Society », Art of failure, (2008-2014). © Carine Claude

Déjà repéré par Poptronics lors du festival Scopitone à Nantes en septembre dernier, le « Persystograf » d’Yro et du collectif Avoka (spécialistes du détournement des instruments de musique) réinvente les codes de la musique mécanique de rue. Dix boutons, une manivelle, de l’huile de coude et leur orgue de barbarie numérique génère des courbes visuelles et sonores, au gré des interactions de l’utilisateur. Efficace pour appréhender un rapport simple entre image et son.

« Persystograf », Yro, Bernard Szajner, Jesse Lucas & Erwan Raguenes (2014) :

Carine Claude 

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