Loney, Dear, en concert, le 22/04 au Point éphémère, 20h, 15 €, 200 quai de Valmy, Paris 10e. Et le 31/05 à 20h, à Clermont-Ferrand, dans le cadre d’Europavox festival.

Album : « Dear John » (Polyvinyl/EMI)

Loney, Dear, l’alias avec virgule d’Emil Svanängen, un trentenaire au visage poupon, auteur d’une pop mélancolique à souhait. © DR
< 22'04'09 >
Loney, Dear, sa pop épique, exquise

« Bach, Coltrane, Animal Collective » : voilà en toute simplicité la trilogie d’influences qu’affiche Emil Svanängen quand on lui demande de quels artistes il se sent proche. Ce trentenaire suédois à l’allure de poupon mal dégrossi a les oreilles grandes ouvertes et de la musique plein la tête. Sous l’alias Loney, Dear, il est l’un des plus fiers espoirs venus du froid, songwriter compulsif et véritable démiurge pop, déjà auteur de cinq remarquables albums en cinq ans. Découvert avec « Sologne » et « Loney, Noir » il y a à peine deux ans, Svanängen est venu à Paris en ce matin froid de février pour parler du tout nouveau « Dear John » travaillé seul à la maison où, entre folk sensible et arrangements symphoniques, synthétiseurs épiques et électronique pimpante, il confirme dès l’irrésistible ouverture, « Airport Surroundings », l’ampleur de ses ambitions.

Pourtant, Emil Svanängen n’était pas programmé pour devenir un chanteur pop. Ce joueur de clarinette et de saxophone biberonné au jazz a été soufflé par la découverte de Kraftwerk : « Le vrai choc de mon enfance, la découverte des synthétiseurs. » Quelques années plus tard, après avoir joué dans un trio de jazz, il se lance. « J’adore la musique atonale, que je trouve mille fois plus moderne que la musique mélodique, mais je voulais toucher les gens au plus près, le plus fortement possible et je me suis dit que chanter permettrait cela. Donc j’ai choisi la pop, les mélodies, les chansons courtes et directes. J’ai demandé à des amis de me prêter des disques de pop, car je n’en avais jamais vraiment écoutés (mon truc, c’était davantage le jazz et le folk). Ensuite, j’ai enfin eu un ordinateur et commencé à enregistrer des chansons. J’attendais ça depuis l’adolescence ! Je ne pensais pas me retrouver un jour en France, aux Etats-Unis. Tout ça, c’est extraordinaire parce que, aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours voulu faire de la musique. »

Les choses n’ont pas toujours été simples. Svanängen s’est longtemps battu pour se faire entendre, vivant de peu, dans un isolement volontaire, composant seul avec une myriade d’instruments et son ordinateur, vendant ses autoproductions en ligne. « Selon moi, tu peux être un pianiste classique le soir et avoir un boulot dans la journée. Mais un compositeur, même de pop music, ne peut faire que ça. J’ai donc lâché mon travail et vivoté en vendant mes CD-R. » Période difficile mais de son propre aveu très formatrice, dont il sortira grâce à une subvention du ministère de la Culture suédois : il file jouer au festival South by Southwest en 2006. Et là tout s’emballe : le label Sub Pop, historique du grunge en plein recentrage songwriting (Fleet Foxes, Iron & Wine), décide illico de le signer. « Grâce à cela, j’ai atteint ce statut super agréable : peu de gens me connaissent mais je peux jouer de manière professionnelle et gagner ma vie grâce à mes chansons. »

Ce grand mélancolique a pris goût à ces concerts (ce soir au Point éphémère), où il revisite en profondeur ses chansons. Mais n’attend qu’une chose : retourner à l’écriture. « J’aime la couleur et la variété des palettes. Je veux écrire une musique nouvelle, combiner les contraires, pousser les murs, inventer. » Un démiurge pop, on vous dit.

Loney, Dear - « Airport Surroundings » :



Loney, Dear - « Violent », live à la radio KEXP, Seattle, février 2009 :

matthieu recarte 

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