Une contre-lettre de mission pour la ministre de la Culture, initiative émanant des milieux culturels, à amender ou à signer en ligne.
La contre-lettre de mission, à l’initiative d’acteurs de la culture et de "citoyens libres", à signer on line ou à continuer d’amender. © DR
< 31'10'07 >
La mission d’Albanel revue et corrigée depuis le Net

Tout va très mal au ministère de la Culture, on ne vous le répétera jamais assez. Christine Albanel est déjà tellement mal vue que le ministre de l’Education se frotte les mains, puisque le programme du candidat Sarkozy permettait de penser qu’il récupérerait tôt ou tard le bébé et l’eau du bain culturels ; d’où, paraît-il, les prestations précipitées d’Albanel sur le terrain, reçues dans le silence contraint en cette semaine de vacances corses.

Selon les interlocuteurs, en janvier prochain, l’Etat s’absenterait à peu près totalement des collectivités territoriales ou régionales en matière de culture. La Direction des musées de France serait reversée dans une grande Direction du patrimoine et la Délégation aux arts plastiques, créée en 1981, serait engloutie dans la DMDTS (Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles), avec une conséquence directe : une plus forte disparition des fonctionnaires faisant double emploi.

Du coup, on n’en est que plus passionné par cette initiative, circulant de blog en site et intitulée «  la contre-lettre ». Il s’agit tout simplement d’une réécriture, pardon ! d’un bon coup de correction professorale (les phrases sont rajoutées en rouge, les nouvelles propositions sont en bleu) à la lettre de mission envoyée par Sarkozy le 1er août dernier à sa ministre.

Dès le premier paragraphe et la première gifle envoyée au désintérêt profond des médias pour les choses de la culture, la contre-lettre de mission reformule l’écriture présidentielle. Voici comment ça marche, avec un exemple.

Version originale :
« Ce gouvernement, auquel vous appartenez, n’a désormais qu’un seul devoir : celui de mettre en œuvre le programme présidentiel et, au-delà, de réconcilier nos compatriotes avec l’action politique en lui prouvant qu’elle peut encore changer les choses et rendre à notre pays la maîtrise de son destin. »

Version corrigée (la couleur rouge est ici remplacée par de l’italique) :
« Ce gouvernement, auquel vous appartenez, n’a désormais qu’un seul devoir : celui de mettre en œuvre un programme artistique et culturel cohérent avec nos engagements internationaux en matière de diversité culturelle, hors des corporatismes et des influences commerciales, afin notamment de réconcilier nos compatriotes avec l’action artistique et culturelle. »

C’est donc à une transformation collective des missions du ministère de la Culture, en ce qui concerne le numérique et la diffusion des œuvres dans les établissements scolaires, la démocratisation, la sensibilisation des publics, la définition d’une diversité au-delà des simples industries culturelles, la politique audiovisuelle, les collaborations européennes et avec les pays du Sud, les enjeux d’émancipation… qu’œuvre cette lettre remaniée, avec signatures en pièce jointe.

Ce qui apparaît, toutefois, c’est moins un « contre-programme », qu’un constat des manques et des trous dans la lettre initiale, laquelle apparaît du coup sous un jour plus « vrai » avec ses enjeux réels, non ceux que le discours formule, mais ceux que le discours a oblitérés. Le travail de « déconstruction » du discours écrit sarkozyen est ainsi formidablement utile.

elisabeth lebovici 

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