« Soldes d’hiver », jusqu’au 21/01, installation monumentale réalisée par Jacques Perconte dans la Galerie bordelaise à Bordeaux (33).
Un mur de boîtes dressé au beau milieu du passage commercial de la Galerie bordelaise. © David Sepeau
< 14'01'08 >
La Galerie bordelaise au pied du mur

Ce n’est un secret pour personne, l’institution publique se désengage de l’art tandis que le privé y cherche encore sa voie. Dans ce contexte où la communication se substitue parfois à l’art, et le créateur est de plus en plus sommé de servir la soupe (de luxe de préférence, voir la H Box ou les projets de Chanel), le mur de boîtes à chaussures monté par Jacques Perconte dans la Galerie bordelaise, sorte de temple de la consommation au plafond de verre, esquisse une forme de réponse, plus subtile que son monumentalisme ne le laisse présager.

L’œuvre a été commandée par le propriétaire du magasin de chaussures sis en pleine Galerie, Michard Ardillier (décidément plus qu’un simple vendeur de chaussures, puisqu’il accueille également dans son magasin des œuvres vidéo), pour toute la durée des soldes d’hiver. La Galerie, un ensemble typique de cette architecture fin XIXe bâtie par Gabriel-Joseph Durand en 1831 et qui, comme l’ensemble de Bordeaux, est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, s’en trouve totalement bouchée, le seul passage devant s’effectuer par ledit magasin de chaussures. En période de soldes, dont on sait l’importance pour l’économie des petits commerces, le geste de l’ensemble des boutiquiers de la Galerie étonne : accepter de se laisser ainsi « barrer », emmurer quasiment, ne relève pas du classique raisonnement économique. Certains y voient même l’occasion de rappeler la nécessité de travaux de rénovation dans la Galerie.

L’artiste, qui a récupéré les boîtes abandonnées par les clients du magasin depuis décembre 2006, n’opère pas non plus une opération marketing. Il s’inscrit dans une forme de continuité artistique où les murs ont quelque chose à dire : entre le projet de Christo d’un mur en barils de pétrole rue Visconti en 1961 à Paris, projet inachevé qui réagissait à l’érection du Mur de Berlin, et les interventions parfois musclées des artistes de rue (de la place Stalingrad dans les années 80 aux opérations coup de poing sur le mur de séparation bâti par Israël dans les territoires palestiniens). Une histoire plutôt revendicative voire radicale, qui va bien à Perconte, plasticien et « historique » du net-art qui oublie souvent de signer ses œuvres ou prône un art partagé (il a notamment réalisé l’excellente « a wiki story of net-art », l’histoire wiki du net-art, à partir de la liste de sites établie par Natalie Bookchin, une pièce très ironique où tout est en permanente reconstruction, à l’image du net-art précisément). Perconte n’explique pas son mur, il le pose simplement en faisant remarquer qu’il permettra sans doute de « manifester quelles positions l’art et la communication peuvent prendre aujourd’hui et comment il peut être délicat de les comprendre ».

annick rivoire 

votre email :

email du destinataire :

message :

< 1 > commentaire
écrit le < 19'01'08 > par < zoomzorba jgH free.fr >
C’était une belle installation. Je suis sur que cela a fait du bien à tout le monde. J’y étais le premier samedi des soldes et carrément certains essayaient de voir s’il n’y avait pas des chaussures dans les boites... ridicule... ca fonctionne.