Abécédaire du Web : 26 concepts pour penser la création sur Internet, une édition en ligne du NT2 (nouvelles technologies nouvelles textualités), le laboratoire de recherche sur les œuvres hypermédiatiques, de l’UQAM, l’université de Montréal.
"Abécédaire du Web : 26 concepts pour penser la création sur Internet", une interface (un peu) sage pour (re)découvrir l’art en ligne. © DR
< 07'06'12 >
L’ABC de la net-culture

Depuis 2005 le laboratoire NT2 propose un répertoire des arts et littératures hypermédiatiques, répertoire riche à ce jour de plus de 3700 œuvres référencées.

En 2010, il m’a été donné l’occasion de travailler avec ce laboratoire dans le cadre de la conservation du site Uyio, répertoire de net-art que j’avais réalisé en 2000. Le labo NT2 me semblait être la structure la plus adaptée dans ce type de démarche de conservation de la mémoire du Net. Leur intérêt pour les créations connectées et la mise à disposition de ressources à destination des chercheurs et du grand public n’est plus à démontrer.

Aujourd’hui, ce répertoire est LA référence francophone dans l’accès à l’histoire du Net artistique, des milliers de créations à découvrir ou à redécouvrir, des anciens du réseau (l’entrée la plus ancienne, « The Legible City », une œuvre qui n’est plus en ligne, date de 1989) aux réalisations les plus récentes comme « exq=.s.te =n.c&de/s », de Jim Punk. Chaque création est accompagnée d’une petite fiche descriptive : logiciels ou langages utilisés, type d’interaction... sans oublier le lien hypertexte qui nous conduit à l’œuvre, le travail du labo NT2 n’étant pas de conserver les œuvres mais de les référencer. Et c’est déjà un gros travail !

Surfer sur le répertoire, naviguer entre les fiches, voir des œuvres, c’est passionnant et on pourrait y passer des journées entières !

Côté actualité, le labo vient de lancer une exposition en ligne : « Abécédaire du Web : 26 concepts pour penser la création sur Internet ». Qui dit exposition, dit commissaire d’expo, c’est Joanne Lalonde qui s’y frotte, la directrice du NT2 : « Cet abécédaire vise un double objectif : permettre une saisie diversifiée de l’ouverture contributive de l’art hypermédiatique pour les lecteurs intéressés à la culture émergente tout en offrant des outils didactiques et des pistes de lecture pour ceux qui s’initient au phénomène. »

Cette exposition en ligne, qui collecte fiches thématiques et liens, est avant tout pédagogique. Les « 26 concepts » correspondent aux 26 lettres de l’alphabet qui invitent chacune à découvrir une spécificité des œuvres hypermédiatiques : « A comme Activisme », « D comme Document », « K comme Kamikaze », « U comme Uchronie » et Z comme... A vous d’aller voir !

Ce sont ainsi 67 œuvres qui sont répertoriées dans cet abécédaire, et 79 artistes. J’en suis. Il y a aussi des collectifs comme Jodi (Joan Heemskerk et Dirk Paesmans) avec « 000 Text » (2002). Et des pièces historiques comme « Mouchette » (1996) de Martine Neddam ou l’installation « The File Room » d’Antoni Muntadas (dont on peut voir en ce moment à Paris « La Construction de la peur », sur le même principe de compilation d’archives, à la Triennale du Palais de Tokyo).

Le parti pris reste documentaire. Ainsi, toutes les rubriques ne comportent pas systématiquement de vignettes des œuvres mais un document PDF à télécharger. Un choix un peu confus. Mais, comme le promet la commissaire, ce projet se veut évolutif. Tout sera bientôt en ligne accompagné d’une édition numérique !

A l’heure où j’écris cette chronique, je ne sais pas si d’autres commissaires seront invités à piocher et à organiser leur propre sélection d’œuvres. C’est dans cet esprit qu’Olia Lialina avait accepté avec plaisir de choisir des Gifs animés dans le cadre d’une exposition de l’école des beaux-arts de Lyon. Ou que j’anime depuis quelques mois la Sandbox, un « bac à sable » d’échanges sur les pratiques et le numérique avec l’école des beaux-arts de Montpellier.

Et si l’archive devenait un champ artistique à part entière ? L’Abécédaire est en tout cas une belle initiative, de même qu’un bon outil de recherche et de valorisation des données. Après tout, il y a déjà eu, dans le même registre, « CNAPn », un commissariat numérique de Pierre Giner ou le « Super Art Modern Museum » initié par Thomas Cheneseau et Systaime. En attendant le « top of the pop » de Poptronics, qui fête ses 5 ans cet été. Autant de manières de plonger dans l’histoire de la net-culture.

Cela ne nous empêchera pas, au contraire, de rester attentif aux propositions de notre nouvelle ministre de la Culture Aurélie Filippetti dans le domaine de la valorisation et de la création numériques, tout en s’informant sur le programme du parti pirate français pour les prochaines élections législatives.

N’hésitez pas à partager vos trouvailles dans les commentaires !

nicolas frespech 

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