Exposition « Jean-Luc Parant, Du pareil au même », jusqu’au 22/03 au Centre international de poésie de Marseille, Centre de la Vieille Charité, 2, rue de la Charité, Marseille (13). Rens. : 04.91.91.26.45.
« Manifeste pour une œuvre authentique » (éd. New Al Dante, 2007).
« Tas de boules en terre, la reproduction du visible à l’infini » de Jean-Luc Parant. © DR
< 13'02'08 >
Parant, poète en boules et en boucles

A l’ère du faux généralisé, la copie devient un « acte de résistance » : c’est le parti pris de Jean-Luc Parant dans sa dernière exposition au Centre international de poésie de Marseille, jusqu’au 22 mars. Inclassable, répétitive, obsessionnelle, son œuvre défie toutes les modes et les lois du marché de l’art. Dans son « Manifeste pour une œuvre authentique » (éditions New Al Dante, 2007), l’artiste et poète né en 1944 qui se dit « fabriquant de boules et de textes sur les yeux », pose la question de l’original et de la copie, de la bivalence (par définition, qui considère les valeurs du vrai et du faux). L’exposition présente des copies (revendiquées comme telles, bien sûr), de Man Ray et son « A l’œil nu », d’une « Grande figure » de Gaston Chaissac ou encore de l’« Œil » de Fernand Léger, soit des portraits, des figures, et des yeux... Un sujet qui n’est pas nouveau.

Reprenons au début, les années 1970, quand Jean-Luc Parant passe de tableaux de cire représentant des yeux à des boules en trois dimensions. Depuis, l’artiste travaille un propos, toujours le même : comment passer de l’esprit à la matière et du visible au touchable. En pétrissant sans cesse la même forme, la boule noire, et en écrivant des textes sur un même thème, les yeux. Et il en fait beaucoup, car son travail prend son sens dans la répétition. Comme ses accumulations de sphères, ses textes sont en rotation, en boucles et se développent selon des répétitions avec variantes, dans une diction proche de l’incantation, de la litanie, sans reprise de souffle : « Si mes boules sont copiables à l’infini, c’est que je crois qu’il doit y avoir cette liberté d’appartenir à tous », écrit-il.

Autres esprits libres, Joseph Beuys, Robert Filliou et Jean Dubuffet, artistes dont il se réclame dans son « Manifeste », ont comme lui développé un travail plastique lié à une pratique d’écriture. Comme lui, ils ont mis à mal la notion d’original, dans des œuvres qui contiennent « la liberté d’être copiées ». Pour s’attaquer à de tels monuments, Parant s’en sort le plus simplement du monde : en n’inventant rien et en faisant des répliques, des copies exactes. « Car nous tous sommes aussi les auteurs des œuvres que nous aimons », dit-il, reprenant Marcel Duchamp : « Ce sont les regardeurs qui font les tableaux. » En effet, pour Parant, « les vrais faussaires sont ceux qui font des œuvres à la Marcel Duchamp mais en signant de leur propre nom. [...] A une époque où il n’y a jamais eu autant de copieurs, copier des œuvres qui contiennent selon moi la liberté d’être copiées, c’est faire acte de résistance ».

marion daniel 

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