« Shot In The Back Of The Head », de Moby, première incursion de David Lynch dans l’univers du clip, pour des raisons .... transcendantales. Explications.
Un mort, un fantôme, une tête qui vole, une ville dans le gris, une chambre d’hôtel minable, un bras flottant : pas de doute, on est bien chez Lynch. Dans un clip, pour la première fois. © DR
< 30'04'09 >
David Lynch se trouve un Moby(le)

Donnez trois minutes quinze à David Lynch pour réaliser son premier clip et, forcément, le cinéaste y remâche ses obsessions dans un noir et blanc intense, avec le sens de l’ellipse et l’onirisme glauque qui le caractérisent. La ville est noire, la chambre d’hôtel quelconque. L’homme qui rêve d’un long baiser langoureux va être assassiné là et bientôt errer dans les limbes, un gros trou dans la tête. Seule faute de goût : c’est Moby, le pompier le plus populaire de la planète électronique, qui se voit gratifier d’un tel privilège (il dit s’être inspiré d’un discours de Lynch sur la créativité pour préparer son neuvième album, « Wait For Me », qui sort en juin).

Moby - « Shot In The Back Of The Head », réal. David Lynch, 2009 :



La bonne nouvelle dans tout ça, c’est le retour à l’animation de Lynch, quarante ans après son premier court métrage, « Six Figures Getting Sick » (1966), dont on retrouve ici-même l’un des motifs récurrents (ce bras qui se promène à l’écran). Un univers qu’il n’a jamais vraiment abandonné au demeurant, de sa bande-dessinée hebdomadaire dans le « L.A. Reader » (« The Angriest Dog In The World » et ses quatre vignettes identiques) au dessin animé tordu « Dumbland » (huit épisodes en ligne).

On connaît la passion de l’auteur de « Lost Highway » pour la musique (voir évidemment sa longue collaboration avec Angelo Badalamenti), mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, cette animation est, à 63 ans, sa première véritable incursion dans l’univers du clip. Si l’on excepte le teaser de la tournée Dangerous de… Michael Jackson il y a près de vingt ans, Lynch s’était jusqu’ici contenté de monter des images de ses films pour illustrer les titres phares de leur BO : « Wicked Game » de Chris Isaak pour « Sailor & Lula », « Rammstein » pour « Lost Highway », « Ghost Of Love » pour « Inland Empire » sur lequel il a posé sa voix…

David Lynch et Moby en impro (2008) :



En fait, si Lynch a choisi Moby, c’est parce que le musicien américain est comme lui un adepte de la méditation transcendantale. C’est sa grande affaire ces dernières années : œuvrer pour la paix dans le monde en développant la pratique de la méditation dans les écoles grâce à la David Lynch Foundation.

Moby s’est déjà montré aux raouts organisés un peu partout sur la planète pour recevoir des dons et a même donné un concert le week-end dernier au côté de Donovan au profit de la cause. On est loin des tocades habituelles du cinéaste, fanatique de musique industrielle (il a travaillé avec Trent Reznor de Nine Inch Nails sur « Lost Highway » et même monté un éphémère groupe, Blue Bob, au milieu des années 00), de synthés (sa tocade pour la chanteuse Julee Cruise, deux albums et une superbe « Industrial Symphony » en 1991) et de pop sixties.

Le maître cinéaste fera encore parler de lui dans les semaines à venir, toujours au rayon musique. Lynch est chargé de la mise en images de « Dark Night of The Soul », projet mené par Mark Linkous de Sparklehorse et produit par Danger Mouse, auquel participent entre autres Iggy Pop, Jason Lytle (ex-Grandaddy), Black Francis, Vic Chesnutt, ou Gruff Rhys (Super Furry Animals, Neon Neon). Le film devrait être visible au début de l’été.

matthieu recarte 

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