Bonom 2.0, de Daltex, projection nocturne en façade, jusqu’au 28/05 sur la mairie du 3ème arrondissement de Paris, 2, rue Eugène Spuller, Paris 3e.
Bonom 3.0 de Daltex, projection nomade le 17/05 de 22h30 à 00h30, dans le cadre de « Nomades 2009 - parcours culturels et artistiques » dans le 3e, du 14 au 17/05, Paris.
Daltex, devant son Bonom 2.0, un double fantomatique et grotesque qui squatte les murs de nos villes, en vidéoprojection nomade. © Guillaume Bresson
< 15'05'09 >
Daltex, libre comme l’art

Il a mis sa cravate vert pomme sur costume noir, légère touche décalée pour trinquer avec les élus et invités jeudi à l’inauguration de « Nomades », le parcours fléché organisé par la mairie du 3ème, à Paris, au sein des galeries et ateliers d’artistes de cet arrondissement bobo. Daltex est content : ses interventions « pirartes », comprenez qui squattent les murs des galeries et façades parisiennes, sont aujourd’hui reconnues et validées par l’institution. Son « Bonom » est officiellement l’une des « deux stars » de la manifestation, comme le dit l’adjoint à la Culture. Et Daltex se prête avec bonne grâce à la séance photo, repliant sa grande taille pour cadrer avec celle de Denise René, la galeriste réputée et « star numéro 1 » de la manifestation.

Cette première est le signe que le temps de l’art urbain clandestin et illégal est de plus en plus passé, même si les pandores continuent de verbaliser les graffeurs... D’ailleurs, quand on félicite l’adjoint d’avoir invité Daltex, qui projettera pendant trois semaines son double vidéo, « Bonom 2.0 », en façade de la mairie, côté square, à partir de 22h, le politique opère le rapprochement entre « les arts sous-considérés » des débuts de Denise René, quand elle défendait Vasarely, et « les arts numériques et du graffiti » aujourd’hui.

Bonom 2.0, de Daltex, version « pirate » :



Mais c’est un autre symbole que balaie d’une certaine façon le personnage fantomatique, grotesque, obscène et clairement déplacé imaginé par Daltex : « Enfin on commence à comprendre où peuvent emmener les licences libres », se réjouit le vidéaste, passé par les Beaux-Arts d’Aix-en-Provence période Figuration libre, puis par les Arts déco à Paris. Après des années d’infographie et de VJing (ça « manquait de sens », dit-il), après le choc de « Seattle en 1989 », Daltex se décide : « Moi aussi, je vais faire mon altermondialiste. » Il lance un espace contributif artistique sur le Net, découvre le copyleft (le contraire du copyright, soit la « gauche d’auteur ») et la Licence d’art libre que défend le net-artiste Antoine Moreau. Et trouve ainsi son espace artistique. « La première fois qu’une mairie m’invitait pour défendre un art libre copiable et distribuable, c’était cet hiver à Gradignan, où j’ai travaillé en résidence sur une œuvre libre pour la médiathèque. J’ai été payé pour mon action et mon art est accessible à tous, voilà le modèle idéal ! »

Pour la Nuit des musées, demain samedi, Daltex sortira la version « Croquemitaine » de son Bonom. Version encore augmentée, et nommée façon logiciel (pour insister sur le côté copiable du projet), « Bonom 3.0 » est une projection vidéo géante nomade d’une silhouette filmée en contre-plongée, inquiétante ou tatiesque, selon le point de vue qu’on adopte.

Bonom 3.0, de Daltex :



Sur son « vélocipède » (c’est comme ça que parle Daltex), il parcourra les rues et contre-allées du parcours Nomades et, à l’aide de son Daltatron (le vidéoprojecteur bricolé qu’il a lui-même mis au point il y a deux ans), fera courir Bonom 3.0 en façades. « Je voulais sortir du cadre du 4X3 et de la galerie, et comme je venais du vidéo-art, j’en suis arrivé là. » Là, soit un art doublement libre : cette figure « pied de nez » qui danse de façon indécente et grotesque sur les murs de nos villes, comme un géant sorti de nos mémoires cinéphiles, entre cinéma muet et films de genre, incarne à la fois la liberté de l’artiste en quête de nouveaux publics et la liberté d’usage et de distribution prônée par les logiciels libres.

annick rivoire 

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