« Cure », exposition à l’hôpital Paul Brousse, Hall du Centre hépato-bilaire, 12-14, avenue Paul Vaillant Couturier, Villejuif (94800), jusqu’au 15/11, en partenariat avec le MAC/VAL.

« Carnet de Cure », 52 pp., conception éditoriale et graphique Francine Flandrin F².

« Love » de Léa Le Bricomte, à voir... à l’hôpital Brousse de Villejuif. © DR
< 27'10'09 >
« Cure » installe l’humour à l’hôpital

On prête à l’humour des vertus thérapeutiques. Francine Flandrin F², artiste plasticienne et commissaire d’exposition pour l’occasion, présente à l’hôpital Paul Brousse (Villejuif) quelques manifestations symptomatiques du sens de l’humour de ses acolytes créateurs. Bien avant de recevoir Nicolas Sarkozy en grande pompe, le CHU accueillait déjà des manifestations d’art contemporain dans un espace dédié. Les patients... y patientent jusqu’à leur rendez-vous ou viennent pour changer d’air, les visiteurs le traversent lors de leurs visites, et le personnel soignant y transite forcément.

Bien que cela ne soit en rien dans le cahier des charges, Francine Flandrin F² prend en compte le contexte si particulier de l’environnement hospitalier et décide de coller à son sujet en proposant une exposition collective en forme de « Cure ». Différents traitements s’offrent en fonction des maux de chacun : on peut contrôler ses crises démographiques grâce à « Love » de Léa Le Bricomte, venir à bout de ses crises interethniques avec une pilule miracle de Dana Wyse (« Jesus had a sister production »), apaiser ses crises du langage en roulant une pelle rouge de Joël Hubaut (« French Kiss/Rouler une pelle »), ou encore se rééduquer efficacement et sans séquelle avec la corde à sauter en fils de fer barbelés d’Eric Pougeau. Autant de traitements qui se trouvent là comme dans la vitrine d’un apothicaire malicieux, qui, sans renoncer à la médecine traditionnelle, offrirait une petite bouffée de dérision et de fantaisie sinon salvatrice, du moins réconfortante.

Mais pas seulement. « Cure » navigue entre jeux de mots (« Colt du fémur du Dr Courbe », pied de la lettre (« Idée fixe » de Maud Thomazeau) et détournements d’objets que Cécile Bulté interprète dans le catalogue comme « l’expression plastique et textuelle de l’état du patient qui circule au rez-de-chaussée de l’hôpital, en attente d’une consultation. Elle fait écho à son corps, en attente d’une transformation vers la guérison ». Car on rit plutôt jaune devant les pièces présentées, à l’image de ce pèse-personne de Fridgeed sur lequel est écrit en lettres dorées : « Viens sur moi. Je veux sentir le poids de ton malheur. » La visite (forcément médicale...) se poursuit avec le catalogue de l’exposition aux airs de bons vieux carnets de santé à couverture bleu marine, dont la succession des pages, de crise en crise, dit assez de notre société.

corine girieud 

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