« Conor Oberst », premier album solo de Conor Oberst, sortie le 4/08 (Wichita/Cooperative Music), en concert le 13/09 au Nouveau Casino à Paris.
Conor Oberst, le phénomène folk américain, sort un remarquable premier album solo. © DR
< 17'08'09 >
Conor Oberst, l’autre voix de l’Amérique

(Pop’archive). Songwriter de l’année pour « Rolling Stone », « nouveau Bob Dylan » pour les autres : la pression est forte sur les épaules de Conor Oberst, 28 ans, nouvelle icône folk de l’Amérique en guerre à l’heure de son premier véritable album solo, « Conor Oberst » (le 4 août). Un disque plus dépouillé que ses productions avec Bright Eyes, le groupe qui l’a vu exploser aux Etats-Unis : à la surprise générale, en 2004, deux singles détrônaient coup sur coup Puff Daddy en tête des ventes ! « C’est difficile d’ignorer les éloges comme les descentes en flamme. Mais je ne m’en préoccupe pas : c’est excessif dans un sens comme dans l’autre », sourit le beau gosse début juillet à la terrasse d’un café montmartrois. « Ce succès inattendu a eu quelque chose d’un peu écrasant mais heureusement, c’est venu doucement. »

Le garçon a effectivement débuté adolescent en 1992, à 12 ans, sur les scènes d’Omaha, Nebraska, s’enregistrant dans sa piaule avec un petit magnéto, jouant seul ou dans des formations rock éphémères (Commander Venus, The Magnetas, Park Ave.). Mais c’est avec Bright Eyes, qu’il a fondé avec le producteur Mike Mogis, que son sens mélodique allié à un talent d’écriture font merveille (« Lifted or the story is in the soil, Keep your ear to the ground », 2002, « I’m wide awake, it’s morning », 2004). Oberst écrit la bande son intranquille de l’Amérique de l’après-11 Septembre, d’angoisse et de colère mêlées.

Du brûlot anti-Bush...

Rock avec cuivres, folk, échappées électroniques, ce petit phénomène touche à tout avec une rare aisance. Fidèle à ses racines folk, il parle du mal-être adolescent et d’histoires d’amour contrariées mais surtout, ce qui n’est pas si courant dans le rock indépendant, il multiplie les proclamations protestataires : en 2004, profitant de son premier passage télé sur un grand network, il chante sans prévenir un brûlot anti-Bush, « When the president talks to god », immédiatement popularisé sur le Web, ce qui lui vaudra quelques problèmes (moins d’invitations télé, quelques sifflets en concert). « C’était moins tendance à l’époque de dénoncer sa politique. »

Cet article a été publié la première fois le 31 juillet 2008.

Sur ce très recommandé premier album solo (si l’on excepte les œuvres de jeunesse « Water », « Here’s to special treatment » et « The soundtrack to my movie »), Oberst ne révolutionne pas son système mais revient à un son plus direct, la guitare au premier plan sur douze titres décontractés entre balades folk et rock de bon aloi. « Mon disque précédent, “Casadaga”, était très orchestré, l’enregistrement avait été long, stressant. Avec cet album, je voulais quelque chose de plus simple et sympa. Je me suis entouré de pas mal de musiciens avec qui je n’avais jamais travaillé, on a beaucoup jammé. On a enregistré à Valle Místico, une propriété perdue dans la montagne mexicaine, c’était génial : les levers de soleil, l’ambiance… »

... au concert de soutien à Obama

A peine l’enregistrement terminé, Oberst est reparti pour Omaha donner un concert de soutien à Barack Obama. Car la grande affaire de l’année pour ce chanteur engagé, qui refuse l’appellation de « protest singer », est la présidentielle de novembre. Il y a quatre ans, il était l’un des animateurs, au côté de Springsteen et R.E.M., de la tournée « Vote For Change » pour le candidat démocrate d’alors, John Kerry. Cette année, il soutient le sénateur de l’Illinois. « Je suis musicien mais je suis aussi citoyen. Vivre dans une démocratie, ça signifie faire entendre sa voix si nécessaire. Ça s’exprime dans mes chansons, mes interviews mais aussi dans la sphère publique. Et puis, les Etats-Unis vivent un moment historique. Ce qui se passe avec le sénateur Obama, c’est complètement nouveau. Il incarne le mélange des cultures, il n’œuvrera pas pour les plus puissants. Bush est sans doute l’un des pires présidents de l’histoire : outre l’économie dévastée, cette guerre épouvantable en Irak, il a détruit l’image de ce pays dans le monde. C’est triste mais ça va changer. Parfois, il faut tomber très bas pour rebondir. »

En attendant, Conor Oberst se débat avec sa popularité, très heureux de l’anonymat dont il jouit en Europe. « Je fais tout pour garder un environnement stable : mon label Saddle Creek, ma famille, mon manager, mes amis sont là depuis le début. J’essaie de ne pas tomber dans le cynisme. Faut que ça reste sympa de faire de le musique, de donner des concerts, même si ce n’est pas toujours marrant de voyager, répondre à des questions. Mais c’est aussi une passion, j’ai la chance de jouer ma musique partout dans le monde. Je ne me plains vraiment pas, tant pis si on me prend pour un freak. » Revers de la médaille : il ne fera qu’une date française à l’automne, le 13 septembre au Nouveau Casino.

Conor Oberst et ses musiciens, pendant l’enregistrement de l’album :


matthieu recarte 

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