« Blonde Redhead meets Gainsbourg », en concert le 25/10 à 20h, dans le cadre de l’exposition « Gainsbourg 2008 », Cité de la musique, 221 avenue Jean-Jaurès, Paris 19e (30 €).
Simone Pace, son frère Amedeo et Kazu Makino, alias Blonde Redhead, relisent Gainsbourg samedi à la Cité de la musique. © DR
< 24'10'08 >
Blonde Redhead, Initials B.R.

La venue à Paris de Blonde Redhead samedi à la Cité de la musique dans le cadre de l’expo « Gainsbourg 2008 » ne doit rien au hasard. Depuis quinze ans, ce trio new-yorkais ne cache pas sa passion pour le grand homme. Mieux, cette admiration lui a permis de trouver sa voie, celle d’une mélancolie rock aux mélodies crève-cœur.

Le groupe naît au milieu des années 90. Kazu Makino vient de quitter le Japon pour étudier à New York ; les jumeaux Amedeo et Simone Pace ont depuis longtemps dit adieu à Milan pour vivre à Montréal. Ils se rencontrent à New York et lancent Blonde Redhead (un nom emprunté au groupe no wave DNA), dans une veine rock dégingandée qui doit alors beaucoup à Sonic Youth et Fugazi (dont le guitariste, Guy Picciotto, produira quelques-uns de leurs disques). Sur une rythmique heurtée, Amedeo Pace griffe sa guitare, tendu vers Kazu Makino, Jane Birkin des antipodes à la voix enfantine. Sur scène, le groupe se fait rapidement une jolie réputation en jouant des pulsions sexuelles et de la parfaite gémellité des garçons face à cette jeune femme gracile au chant carrément orgasmique.

Gainsbourg n’est pas loin, déjà, mais son influence perce à l’orée des années 2000, quand le trio opère un recentrage pop avec « Melody Of Certain Damaged Lemons » : la mélancolie qui sourd de leurs compositions, les innombrables versions en français de leurs titres qu’ils planquent en face B de leurs singles, tout rappelle le Gainsbourg seventies de « Melody Nelson ». Blonde Redhead enregistre d’ailleurs plusieurs reprises (notamment « La Chanson de Slogan » et « Bonnie & Clyde »), avant que ça ne devienne le passage obligé des groupes arty anglo-saxons.

Ces œillades incessantes (ici un morceau, « Missile ++ », qui se conclut sur le beat de « Requiem pour un con », là un autre baptisé « Melody », on en passe), Kazu Makino les revendique haut et fort comme dans cette interview à « Chronicart » en 2000 : « La musique de Gainsbourg me sidère. Sa vision est si originale, en avance sur son temps. Il avait une capacité à faire des chansons simples. La façon dont il utilisait les mots est tellement intelligente. Je me rappelle que lorsque j’étais petite et que je voyais des photos de lui, je me demandais toujours comment il pouvait se comporter dans la vie : comme un tyran ou comme un gentleman ? L’attitude de Gainsbourg, je pense que c’était déjà celle du punk. »

Pour son concert hommage samedi soir, le trio sera accompagné de l’Orchestre Lamoureux pour une relecture « classique » de ses sept albums. Et, on l’espère, quelques incursions dans l’œuvre gainsbourienne.

Blonde Redhead - « Melody » :

matthieu recarte 

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