< 22'12'09 >
Après Copenhague, Flopenhague

De Hopenhague à Flopenhague (l’expression fait florès en ligne), c’est un fiasco sur toute la ligne pour le sommet sur le climat, après douze jours de travaux agités. En lieu et place du Traité de Versailles qui devait, assuraient les plus optimistes, redessiner les enjeux mondiaux, après deux ans de travail sur une déclaration commune, voilà trois petites pages (qui ont nécessité huit brouillons !) d’un accord absolument pas contraignant, signé par une trentaine de pays (dont les « grands », à l’initiative de ce texte, et l’Inde et la Chine...), ignorant l’urgence climatique et méprisant les pays du Sud. A l’ONU comme ailleurs, l’égalité reste un combat.

Certains ne se sont pas privés de le dire : le Premier ministre néo-zélandais qui qualifie la conférence d’« anarchique » et le texte de « révoltant », Lumumba Stanislas Dia-Ping, porte-parole du G77, groupe qui rassemble (quand même) 130 pays en voie de développement, pour qui « cet accord va conduire à une dévastation terrible de l’Afrique et des archipels » et a « la plus basse ambition que l’on pouvait imaginer ». Une position loin d’être isolée, la Bolivie ou le Venezuela l’ont appuyée dans le tumulte de la nuit de samedi. Quant au représentant de Tuvalu, l’un des archipels les plus menacés par le réchauffement, lui comparait l’accord « à une poignée de petite monnaie pour trahir notre peuple et notre avenir ».

Pourtant, ce sommet ultramédiatisé suscitait tous les espoirs, après vingt ans de gesticulations institutionnelles, des beaux principes adoptés à Rio en 1992 au timide protocole de Tokyo de 1995 (entre son adoption par 55 pays et son entrée en vigueur, huit années se sont écoulées). Mais ce qu’on a vu à Copenhague est ce qui fait l’ordinaire de ce genre de rassemblements : une conférence bunkérisée, des pays riches sourds aux problèmes du Sud, des manifestants (et même des délégués) harcelés par la police danoise, voire fuyant sous la cogne, des arrestations massives d’activistes (notamment Tadzio Mueller, de Climate Justice Action, opportunément libéré lundi)… Jusqu’aux ONG proprement virées des débats dans la dernière ligne droite. A l’arrivée, Greenpeace, avec d’autres, s’alarme d’un « désastre » et d’« un recul par rapport à Kyoto », se payant au passage Sarkozy et Obama (lequel rentre aux Etats-Unis paradoxalement auréolé d’un succès) : « Ils se sont crus au G8. »

Un sommet pour rien. Sauf à démontrer une nouvelle fois, après la crise financière, à quel point le système global et la gouvernance onusienne sont à bout de souffle. Car pendant ce temps, rien ne change : ni la montée des eaux qui s’accélère, telle qu’illustrée par Guillaume-en-Egype, le chat pigiste de Poptronics, ni la déforestation qui ne faiblit pas, ni évidemment les émissions de CO2…

Prochaine représentation du Barnum onusien sur le climat : novembre 2010 à Mexico.

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