Concert de Krikor ce soir à 22h, dans le cadre de la soirée Tigersushi vs Lo Recordings du festival Filmer la musique, au Point Ephémère, 200 quai de Valmy, Paris 10e.

Krikor and The Dead Hillbillies - « Land Of Truth » (Tigersushi).

Nouveau live voix-machines de Krikor, à découvrir ce soir à Filmer la musique. © Philippe Lebruman
< 12'06'09 >
A Krikor et à cris

Cela fait belle lurette que Krikor prépare son coup. Après une dizaine d’années passées à étudier le son, sous toutes ses coutures (de la house crade aux expérimentations acousmatiques), le revoilà avec « Land Of Truth », un premier album tout feu tout flamme présenté ce soir au Point Ephémère à l’initiative du festival Filmer la musique (que poptronics, partenaire particulier, suit quotidiennement).

Ce trentenaire originaire de Valence, dans la Drôme, a passé son adolescence le nez dans les bacs des disques. « La musique a toujours été pour moi un truc de solitaire et un mélange des genres. Surtout une affaire de curiosité. A 14 ans, je passais mon temps chez les disquaires à l’affût des nouveautés, j’écoutais les Sex Pistols en même temps que de la funk de Chicago, sans faire de distinction. J’ai découvert les machines avec le hip-hop, mais la musique électronique est venue assez tard : j’adorais les Happy Mondays, S’Express ou “French Kiss” de Lil’ Louis , ce son m’excitait beaucoup. »

« Le bruit m’a toujours obsédé »
Une affaire d’éclectisme et de curiosité, donc, qui le mène à s’intéresser de près à la basse, l’instrument de prédilection de la soul et du funk. Deux musiques qui exigent une discipline de fer et une approche très physique du son, abordé en autodidacte : « Apprendre le solfège ne m’a jamais intéressé. Je préfèrerai toujours quelqu’un qui tape sur une boîte de conserve en hurlant à quelqu’un qui fait des choses très compliquées, techniques. J’ai passé quelques mois aux Etats-Unis, au Bass Institute à Los Angeles, pour apprendre à jouer mais je me suis vite rendu compte que je pouvais aussi le faire moi-même dans mon coin. Et c’est ce que j’ai fait. » Après une formation d’ingénieur du son au milieu des années 90, Krikor se lance dans la production, avec les moyens du bord. Un début « plutôt hip-hop, puis je me suis de plus en plus intéressé au bruit, en allant au Conservatoire du 20e, à Paris, pour suivre les cours d’un ancien de l’Ircam, Octavio Lopez. Le bruit m’a toujours obsédé. La techno que je produisais à l’époque était bizarre, bruitiste, pas du tout minimale. Je suis un peu agacé qu’on m’associe tout le temps à cette scène, tout ça parce que j’ai sorti quelques disques sur le label Karat, représentant en France de la scène minimale de Berlin. »

« Plus complexe qu’un disque de techno »
Premiers ordinateurs, premiers samples, premières nuits blanches à rencontrer les activistes électro, dont DJ Chloé, avec qui il partage aujourd’hui le projet Plein Soleil (« J’aime bien jouer en binôme, c’est une formule très dynamique, qui permet d’improviser et d’échanger les idées, plus qu’au sein d’un groupe »). Quelques maxis assez fous, notamment aux côtés du trublion Ark, le font sortir de l’ombre mais c’est peut-être avec France Copland que tout démarre vraiment. Avec son acolyte Benjamin Morando (Discodeine, Octet), il propulse une house moelleuse et référencée, qui trouvera son acmé en 2006 à la Géode, dans le cadre de la Villette Sonique. Après France Copland, Krikor multiplie les collaborations et les remixes, en se passionnant pour les possibilités sonores des vieilles machines, sans renoncer pour autant aux technologies d’aujourd’hui. « J’ai mis longtemps à faire mon album parce que je n’étais pas assez avancé techniquement. Je n’avais pas envie de faire un disque house ou techno, dans la lignée de mes maxis, mais plutôt un disque qui me ressemble vraiment. Je suis plus complexe qu’un disque de techno ! J’aime bien le son dégueulasse, celui du rock et du dub, et j’ai une prédilection pour les fréquences imparfaites, le mélange de textures et des influences : funk, indus, new wave, voire jazz et blues. »

Western moderne
Du blues électronique, qui en effet court tout au long de ce « Land Of Truth », déroutant au passage les fans de la première heure mais qui injecte de la sueur et du malt dans l’électro, à l’instar de Andrew Weatherall et de son Two Lone Swordsmen. Le casting (Chloé Raunet de Battant, Nicolas Kerr de Poni Hoax, DJ Chloé) rappelle quelle est la famille de Krikor. Dans son mitron, se télescopent mignardises expérimentales tournant chevauchée fantastique (« The Mist ») et futurs classiques (« God Will Break It All », « Crack Boy ») qui font de lui un des plus solides espoirs nationaux, en attendant le premier album de Danton Eeprom, aux accents rock, lui aussi. On a hâte de découvrir le nouveau live de Krikor, qui promet une formule voix-machines très brute de décoffrage, loin des errements de l’électro ambient ou de la variétoche synthétique très en vogue ces temps-ci. Gare, les cowboys sont de retour !

benoît hické 

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